Avec Final Fantasy VII Remake, Square Enix s’est lancé dans une aventure à risque. Comment moderniser un jeu aussi iconique sans braquer les fans de la première heure ? Comment attirer les jeunes joueurs vers un titre qui ne fait pas forcément partie de leur éducation vidéo-ludique ? Une équation impossible à résoudre qui explique sans doute en partie qu’il ait fallu attendre 5 ans depuis l’annonce du jeu au cours d’une conférence Playstation E3 qui s’était vite transformée en émeute de fans.
Un développement compliqué donc, d’autant plus qu’il ne s’agit là que de la première partie du jeu original. La question étant donc : combien d’années devrons-nous attendre pour profiter de la suite ? Officiellement, pas longtemps mais on sait tous que cela ne veut pas dire grand-chose.
Une expérience visuelle grandiose
Quand on joue à Final Fantasy VII Remake, on est confronté à un savant mélange de déjà vu et de modernité. Nos souvenirs sont trompeurs et on garde souvent une image idéalisée des jeux de notre enfance. Essayez de relancer le FF VII original et vous vous direz : « Oh là là, mais c’était plus joli dans mes souvenirs, comment ai-je pu jouer 80 heures à ça ! ». Eh bien, avec ce remake, on a l’impression de retrouver le jeu d’origine mais totalement idéalisé et à la hauteur de nos souvenirs.
D’abord, la mise en scène est devenue grandiose et là où les animations de 1997 montraient vite leurs limites, ici, c’est une véritable merveille visuelle qui se déroule sous nos yeux ébahis. Les personnages d’abord sont magnifiquement adaptés. Non seulement, ils sont fidèles à leurs modèles d’origine mais certains (Jessie par exemple) prennent une autre dimension narrative.
Leur caractère également a évolué pour mieux correspondre aux valeurs de notre époque et s’éloignent aussi des clichés japonais pour s’adresser à un public mondial. Aerith, par exemple, fait beaucoup moins « malheureuse » et montre un côté plus combatif mais rassurez-vous Cloud reste toujours aussi mystérieux et renfrogné (au moins au début).
Visuellement, le jeu impressionne par sa qualité globale, la variété de ses environnements et la vie qui anime ses différents quartiers. On ne compte plus le nombre de scènes iconiques merveilleusement mises en avant par des artistes inspirés. Si on apprécie un minimum le style japonais, on ne peut qu’être conquis par ce qui s’affiche à l’écran. Pourtant, de temps en temps, au détour d’un coin de rue ou d’une pièce un peu dérobée, on va tomber sur une texture baveuse, un peu comme si les artistes avaient accordé le plus grand soin au « chemin » principal mais avait négligé ces éléments que beaucoup de joueurs n’iraient pas visiter.
Un scénario résolument moderne
Le scénario du jeu original est repris dans Final Fantasy VII Remake de manière assez fidèle mais quelques surprises ont quand même fait leur apparition. Et sans rien vous spoiler, il y a de très bonnes choses à découvrir au fil du jeu (et encore plus à sa fin). Les scénaristes en ont également profité pour nous donner régulièrement une seconde lecture de certains événements. Rien qui change fondamentalement le propos, juste un background plus profond, mieux établi qui donne l’impression d’un monde encore plus riche.
Le thème éco-guerrier n’évolue pas puisque l’on fait toujours partie d’Avalanche, une organisation facilement qualifiable de terroriste qui lutte contre la Shinra, une sombre corporation qui pille les réserves de la planète. On n’en dira pas plus ici pour garder le plaisir de la découverte aux nouveaux joueurs mais il est quand même interpellant de constater que le scénario d’un jeu de 1997 sonne aussi moderne, 23 ans plus tard.
On constate quand même que l’approche des scénaristes est plus nuancée dans cet épisode où les différents personnages bénéficient de plus de profondeur et ne sont pas juste limités à l’archétype du blanc chevalier de la nature ou du noir démon de la pollution. Là aussi, on sent bien que le jeu vidéo en tant que média narratif a nettement évolué.
Un gameplay aux petits oignons
S’il y a bien un élément sur lequel Final Fantasy VII remake était attendu, c’était sur son gameplay. D’autant plus qu’il était annoncé résolument différent et moderne. Il s’avère particulièrement bien réussi en mélangeant intelligemment action et stratégie. Il s’agit d’utiliser les actions de base de chaque personnage pour faire monter sa barre d’ATB. Celle-ci permet de déclencher compétences et sorts magiques qui sont réellement déterminants au cours d’un combat. On peut également utiliser la pause active (qui ralentit l’action) pour déclencher les compétences des autres membres de son équipe.
Ajoutez à cela un dynamisme extrême lors des combats de boss et vous obtenez un cocktail d’action et de stratégie qui fonctionne très bien et plaira au plus grand nombre. Le système de combat fait définitivement partie des éléments très réussis de Final Fantasy VII Remake, d’autant plus que les différents membres du groupe se complètent harmonieusement.
Pourtant, même si j’ai fortement apprécié les phases de combat, j’ai pu noter une véritable faiblesse dans l’IA de nos camarades quand on ne les joue pas. Incarner majoritairement un personnage de support est juste impossible tant les personnages au contact et contrôlés par l’IA font un peu n’importe quoi et voient donc leur barre d’ATB monter beaucoup plus lentement. On est donc contraint de prendre les choses en main et d’incarner avant tout un faiseur de dégâts. Dommage de limiter ainsi le rôle que l’on peut jouer.
Enfin, on peut se poser quelques questions sur le terme de (J)RPG associé à Final Fantasy VII Remake. Alors, oui, on contrôle plusieurs personnages et on dispose d’une totale liberté dans leur développement mais l’aventure s’avère tellement linéaire qu’aucun choix (ou très peu) nous sont offerts. Il y a bien des quêtes secondaires mais celles-ci ne s’avèrent pas forcément très passionnantes.
Pour moi, la notion de RPG impose un univers plus ouvert où nos choix déterminent (au moins un peu) la suite de l’aventure. Du coup, Final Fantasy VII remake s’apparente plus à un Action RPG ou même à un jeu d’action-Aventure qu’à un (J)RPG.
Néanmoins, une fois que l’on accepte cette linéarité inhérente à un scénario dynamique et équilibré, on s’amuse quand même énormément avec un titre qui a bien des chances de devenir une nouvelle référence dans son genre (mais pas le RPG donc…)
Conclusion : Final Fantasy VII Remake est-il à la hauteur de son illustre ancêtre ?
Difficile de donner une réponse définitive tant l’aura du jeu original sera quasiment impossible à égaler. Pour autant, Square Enix a clairement réussi son double pari. Offrir un remake qui replongera les anciens joueurs dans l’univers de Midgard dont ils ne sortiront qu’une fois l’épisode fini. Réussir à moderniser le jeu sans le dénaturer complètement.
On regrettera quand même une certaine inégalité technique et une linéarité parfois un peu trop marquée. Par contre, la réalisation artistique est juste sublime, l’histoire (légèrement remaniée) reste passionnante et le rythme est parfaitement dosé entre exploration, combat et cinématique.
Voilà donc un jeu que les fans auront du mal à lâcher une fois qu’ils se seront immergés dedans et qui m’a immédiatement conquis. Les plus jeunes tomberont certainement également sous le charme même si certaines mécaniques de gameplay pourront leur paraître un peu vieillotte. Dans tous les cas, un excellent jeu pour se replonger dans un des grands classiques du jeu vidéo.
Ma Note : 9/10
Final Fantasy VII Remake est disponible en exclusivité sur PS4.
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