Kingdom Come Deliverance commençait doucement à inquiéter ses fans les plus fidèles. Kickstarté en 2014, c’est près de 4 ans et pas mal de de changements plus tard qu’il nous arrive enfin. Auréolé de son statut de RPG moyenâgeux le plus réaliste jamais créé, on était bien curieux de voir ce que la production du petit studio Tchèque Warhorse allait pouvoir proposer face aux mastodontes du genre.
Voici notre test de Kingdom Come Deliverance…
Kingdom Come Deliverance se présente comme un RPG réaliste, autrement dit pas de place pour la « fantasy ». Pas de dragons, pas de magie, rien du tout. Ici, on est dans le réalisme historique à tout prix. Du coup, notre héros aussi s’avère assez commun.
On incarne donc Henry, tête à claque du village qui, au grand dam de ses parents, ne semble pas trop se soucier de la réalité de la vie. Et en Bohème (une partie de la Tchéquie actuelle) au début du 15ème siècle, on ne peut pas dire que la vie était facile tous les jours. En plus des brigands, des famines et du souci constant de survivre au jour le jour, les petites gens devaient aussi faire face aux trahisons politiques et aux despotes en tout genre. Je ne veux pas vous spoiler trop le début de l’intrigue mais sachez que la vie d’Henry va changer du tout au tout et que son seul désir sera de se venger. Mais, réalisme oblige, il faudra commencer tout en bas de l’échelle comme simple garde.
L’introduction du jeu s’avère très longue (sans doute un peu trop) mais elle a le mérite de bien mettre en place le monde dans lequel on évoluera. Rien n’est facile et il faudra gagner sa progression sociale au mérite. Le jeu prend même alors un côté simulateur du moyen-âge. Ici, il faut manger régulièrement (mais pas trop) de la nourriture fraîche (pas trop périmée), dormir (dans un bon lit si possible) et ne pas oublier de se laver. Les combats sont rudes et il faudra réellement progresser avant de les maîtriser mais surtout il faudra user de son influence sociale.
Même les vêtements que l’on porte auront leur influence et cela va bien plus loin que le classique : une armure de plaques vous protégera mieux qu’une armure de cuir. Pour infiltrer discrètement de nuit, mieux vaut porter une tunique sombre mais n’oubliez pas de vous changer le lendemain car vous risquez d’avoir l’air suspect. Même logique si vous avez l’intention d’impressionner un gueux dans un dialogue. Mieux vaut avoir une grosse armure tâchée de sang qu’une frêle tunique si vous avez l’intention de terroriser la population locale.
Globalement, le monde de Kingdom Come est plutôt cohérent et bien conçu.
Il parait quand même un peu vide par rapport à la concurrence mais les quêtes secondaires sont de bonne qualité et on parcourt cet univers avec grand plaisir une fois qu’on a accepté les limites et les contraintes du tout-historique. Le scénario s’avère assez sympathique à suivre mais son rythme paraîtra plutôt lent aux habitués du genre. Beaucoup d’enquêtes, beaucoup de cinématiques et finalement assez peu d’action. Par certains côtés, Kingdom Come m’a même fait penser à un jeu de rôle papier orienté dialogue/enquête, un genre bien trop rare sur nos plateformes actuelles.
Dommage quand même d’avoir basé tout le scénario sur l’histoire de la Bohème du 15ème siècle. Même si on apprend beaucoup de choses (quoi qu’ils faillent faire le tri entre vraie Histoire et fiction rajoutée) sur la région à cette époque, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un pan d’histoire que tout le monde trouvera passionnant. Un concept similaire se déroulant en France ou en Angleterre aurait sûrement beaucoup plus parlé aux joueurs mais on ne peut certainement pas reprocher à Warhorse d’avoir voulu mettre en avant son histoire locale.
Du côté des combats, on peut se montrer assez critique. Le gameplay proposé est original et intéressant mais il se montre très difficile à prendre en main et les premières heures de jeu ne seront pas une sinécure. Une fois qu’on aura un peu amélioré notre matériel et nos compétences, les duels se montreront plus équilibrés et même stratégiques. Par contre, le système de ciblage catastrophique ruine totalement l’expérience dès qu’il y a plus d’un adversaire. Dommage !
Et c’est là que l’on arrive à la partie qui fâche car autant Kingdom Come bénéficie de nombreuses qualités autant, on sent que le studio aurait bien eu besoin de quelques mois supplémentaires pour terminer son jeu.
Techniquement parlant, le moteur graphique a clairement beaucoup de mal à faire tout ce qu’on lui demande. La fluidité est très inconstante et parfois même à la limite de la jouabilité tandis que ce qui est affiché à l’écran manque d’ambition : texture floue, visages inexpressifs. Certains décors méritent le détour mais globalement ce ne sera certainement pas le jeu le plus beau jeu du monde.
Et c’est sans parler des nombreux bugs qui ont émané ma partie. Cela peut aller du bug classique de collision à une synchronisation labiale des dialogues inexistante ou encore d’un cheval quasiment inutile tant il est bloqué par le moindre caillou ou buisson. Mais pire, il y a carrément encore un bon nombre de bugs bloquants avec des dialogues qui ne se déclenchent pas ou des scripts de quêtes qui bouclent forçant à recharger une ancienne sauvegarde.
Le jeu se montre encore tellement buggé et instable que l’on comprend encore moins son système de sauvegarde. En bref, réalisme oblige, on ne peut pas sauver quand on veut mais uniquement utiliser les sauvegardes automatiques ou sauvegarder quand on dort dans un vrai lit ou encore utiliser une boisson achetée à prix d’or et en nombre limité. Voilà peut-être l’élément le plus frustrant de ce jeu.
Conclusion
Kingdom Come Deliverance est un RPG à double facette. D’un côté, son réalisme extrême en fait presque un outil pédagogique pour mieux comprendre la vie au moyen-âge tout en réussissant à nous intéresser par son scénario et sa mise en scène souvent soignée (les dialogues sont très bien doublés). Mais d’un autre côté, ses nombreux bugs et sa technique encore trop faiblarde en font un nid de frustration que seuls les plus courageux réussiront à passer outre.
Pourtant, si vous êtes fans de RPG et désireux d’un peu plus de réalisme, ce jeu vaut vraiment le coup d’œil. Au vu du suivi du studio ces dernières semaines, on peut d’ailleurs espérer voir la situation technique s’améliorer prochainement. Voilà sans doute un potentiel grand jeu qui aurait vraiment mérité quelques mois de plus de finition pour sortir dans un meilleur état.
Ma Note : 7/10
Kingdom Come Deliverance est disponible sur PS4, Xbox One et PC.