La Wii U est décidément une console déroutante. Difficile d’expliquer son échec commercial quand on voit le nombre de pépites exclusives qui sort sur cette console. Et si Nintendo lui a offert de grands titres, ce sont les éditeurs tiers qui vont rester comme les artisans des meilleurs jeux de la console. Bayonetta 2 avait déjà mis la barre très haut dans son genre et c’est au tour du RPG de trouver son maître.
Pas facile de subir la comparaison avec The Witcher 3, Dragon Age Inquisition ou Fallout 4 et pourtant, Xenoblade Chronicles X s’en sort haut la main. Voici mon avis sur ce déjà classique du RPG…
Pendant bien longtemps, la Wii U a végété avec beaucoup de titres médiocres et quelques suites « made by Nintendo » mais cette époque est finie depuis longtemps et je mets au défi quiconque de s’appeler un gamer s’il n’a pas de Wii U dans son salon tant les exclusivités de cette console ont influencé presque tous les genres que le jeu-vidéo compte. Le jeu de rôle n’avait pas encore été à l’honneur mais Xenoblade Chronicles X va définitivement marquer les esprits des rôlistes du monde entier.
Le précédent Xenoblade Chronicles sorti en 2011 sur Wii avait déjà obtenu toute notre admiration (y compris son adaptation sur New 3DS) mais cette suite comble encore plus nos espoirs.
Le postulat de base risque pourtant de surprendre plus d’un amateur de J-RPG « classique » et même les fans de la série des Xeno. Avec Xenoblade Chronicles X, Monolith Soft se lance presque dans un RPG à l’occidental qu’un Bioware ne renierait pas. Les japonais ont, en effet, décidé de faire une incursion dans ce que la science-fiction peut proposer de mieux (avec une sensibilité bien japonaise quand même) et une approche globalement peu synonyme de jeu à la japonaise.
La Terre est décimée par une guerre sans merci entre races extraterrestres. Les Humains fuient leur planète à la recherche d’un monde meilleur à bord d’immenses arches. L’arche de notre héros, celle des États-Unis, échoue sur une mystérieuse planète après deux ans de voyage. C’est maintenant à nous, en tant que membre du programme de colonisation de Mira (le petit nom de notre nouvelle maison), de faire survivre ce petit bout d’humanité et de coloniser cette planète face à une faune locale pas toujours très accueillante.
La mise en place de cet univers est juste impeccable. On sent littéralement que l’on fait partie d’un tout cohérent, d’un ensemble de colons qui doivent survivre sur un monde hostile. Le contexte prête également à la réflexion par sa capacité à nous mettre dans les chaussettes d’un Christophe Colomb prêt à prendre possession d’un nouveau monde… et on a bien vu comment les choses ont tourné pour les locaux. Beaucoup de questions intéressantes mais malheureusement pas toujours bien traitées. Le gnangnan typiquement asiatique laissant un peu trop souvent sa marque de fabrique au passage dans un jeu très influencé par les RPG occidentaux.
La direction artistique de Xenoblade Chronicles X alterne l’excellent et le franchement médiocre.
L’univers, le monde, les décors sont une pure merveille visuelle. Non seulement, ce jeu est beau mais il réussit à mettre son design au service de la cohérence globale du titre. On est sans cesse effaré par la beauté des panoramas, par l’intelligence de la construction des cinq régions qui constituent ce monde gigantesque.
Et à l’opposé, on ne peut que regretter le character design (pourtant un point fort des productions japonaises) au mieux quelconque de l’ensemble des héros de cet univers pourtant si réussi. Notre héros (muet de surcroit) n’a aucun charisme, ses compagnons sont inexistants et même souvent énervants. Cette impression globale est sans doute liée au fait que l’on est censé jouer des colons américains et quiconque connaît un peu les mangas sait que les américains vus par les japonais, ce n’est pas forcément une bonne référence.
On découvre donc un monde empreint de culture américaine telle que les japonais l’imaginent, avec tout ce que cela entraîne comme bizarreries : personnage loli, héros hyper-buildé à la Gears of War, gnangnantise à tous les étages et même propagande religieuse…
Si un point est à regretter sur Xenoblade Chronicles X, c’est bien cette vision américanisée de concepts pourtant bien japonais.
Heureusement, on oublie vite ce défaut pour se concentrer sur le point fort du jeu : sa capacité à nous plonger dans son univers et plus particulièrement son goût pour l’exploration.
Dans Xenoblade Chronicles X, l’exploration est au centre de toutes choses. Après avoir choisi notre division (qui orientera le profil de notre héros), on part à l’aventure afin de découvrir le monde de Mira et ses nombreux dangers. Notre objectif principal est de découvrir de nouvelles terres et de placer des sondes afin de récolter du minerai qui sera aussi notre principale ressource. Histoire de gagner plus de ressources, il faudra essayer de relier nos sondes via un mini-jeu assez vite passionnant.
Mais le monde de Mira est dangereux et même si la difficulté n’est pas très élevée, les combats seront nombreux. Ceux-ci ont assez peu évolué par rapport au précédent épisode. Ils sont toujours intenses et plutôt intéressants, offrant de multiples stratégies à notre équipe de combattants. A noter quand même l’apparition de fusils pour alterner combats à distance et combats au contact plus classique avec la lame iconique de la série.
A plus d’un titre, Xenoblade Chronicles X fait penser à un MMO offline tant il peut se montrer similaire aux références du genre.
Pourtant, il n’y a que quelques fonctionnalités en ligne qui restent très anecdotiques. La plupart du temps, le multijoueur sera asynchrone, basé sur une pseudo compétition entre divisions du programme de colonisation et rarement, nous aurons l’occasion de réellement côtoyer d’autres joueurs. L’intérêt du jeu est de toute façon ailleurs.
Techniquement parlant, impossible de ne pas signaler à quel point la Wii U impressionne. Cette console qu’on a tant critiqué pour ses capacités limitées démontre qu’elle en a dans le ventre en affichant sans sourciller un monde gigantesque sans aucun chargement. Même le Gamepad, la plupart du temps inutile, est ici, bien exploité avec sa carte détaillée et ses nombreuses options accessibles d’un touché.
La cerise sur le gâteau étant le pilotage des méchas. On les voit dès le début du jeu, ils nous appellent avec insistance mais il faudra pourtant attendre longtemps avant de pouvoir poser son petit popotin à bord de l’un d’eux. Abominablement onéreux, il faudra jouer un sacré paquet d’heures et accumuler beaucoup de ressources pour en posséder un mais quand c’est le cas, c’est juste l’extase. Un de ces rares moments de jeu-vidéo que l’on n’oublie pas de sitôt. Bon, par contre, quand on en perd un, c’est la crise de larmes assurée en pensant à la quantité de ressources engloutie. J’ai même pensé à Eve Online et à la perte douloureuse des plus gros vaisseaux du jeu. Quand je dis que Xenoblade Chronicles X a tout d’un MMO…
Conclusion
Xenoblade Chronicles X est une petite merveille de RPG. A condition d’adhérer à son concept de MMO offline qui met l’exploration au coeur du gameplay, il est difficile de rester insensible à un titre qui restera dans les annales du RPG.
Peu de titres réussissent ainsi à combiner aussi bien un système de combat efficace à un univers cohérent, réaliste, tout simplement digne des meilleurs univers de science-fiction. On peut reprocher aux développeurs japonais d’avoir raté le design de leurs différents héros et de laisser un peu trop de place dans leur scénario à des développements un peu mièvre du point de vue occidental mais l’essentiel se situe ailleurs, Xenoblade Chronicles X est juste un RPG passionnant, qui soufre à merveille du syndrome de « la petite quête en plus et je vais dormir ».
Si vous voulez découvrir un superbe univers de Science-fiction intelligemment créé et que vous vous sentez capable de passer outre certains éléments un peu trop japonais pour le contexte du jeu, il n’y a pas à hésiter : Foncez découvrir Mira !
Ma Note : 8,5/10
Xenoblade Chronicles X est disponible en exclusivité sur Wii U.