Ori and the Blind Forest est un jeu qui a cristallisé beaucoup d’espoir depuis son annonce par Microsoft mi-2014. Déjà dans ma preview réalisée après une rencontre avec les développeurs lors de l’E3 l’année dernière, on sentait bien tout le potentiel du jeu et la passion de ses créateurs. Encore fallait-il confirmer ces bonnes dispositions avec une version finale digne de la grande attente autour de ce titre…
Et on peut certainement affirmer que la petite équipe de Moon Studio a atteint son objectif en créant un jeu particulièrement original mélangeant des qualités que l’on n’aurait jamais imaginé voir associer dans un tel feu d’artifice.
Une direction artistique juste sublime.
Quand on se lance dans Ori, on est d’abord pris au piège par son ambiance. Entièrement en 2D (avec quand même de petits artifices de profondeur de temps à autres) et sans véritable cinématique, ce jeu pourrait bien réussir à vous faire verser une larme. L’univers d’Ori n’est pourtant pas foncièrement original. Le conte écolo-bobo à grosse dose de défense de la nature, je vous l’avoue, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Pourtant, Ori and the Blind Forest est peut-être le jeu le plus poétique, le plus onirique auquel j’ai eu l’occasion de jouer.
La force d’un jeu comme Ori est de nous faire oublier son contexte finalement assez classique pour nous plonger dans une aventure bourrée d’émotion : un mélange subtil de visuels poétiques et de musiques merveilleusement bien orchestrées pour nous faire chavirer dans un océan d’émotion.
Je ne dis pas que tous les joueurs succomberont à son charme subtil mais si vous avez, par exemple, été sensibles à la fabuleuse introduction d’un film comme « Là-Haut » ou au charme tout en finesse d’un « Wall-E », il y a fort à parier que vous ne resterez pas insensible à l’ambiance d’Ori. Les développeurs mettent en avant d’autres références (Disney, Ghibli) mais je pense que vous aurez compris qu’Ori and the Blind Forest n’est pas un jeu comme les autres.
D’autant plus qu’artistiquement parlant, ce jeu impose le respect. Les différents personnages sont merveilleusement animés et dotés d’une personnalité sublimée par leur design. Ori est l’un de ces rares jeux qui n’a quasiment pas besoin de texte ou de parole pour se comprendre et s’apprécier. Chaque élément, chaque niveau, chaque ennemi trouve sa place naturellement dans un univers tout simplement magique.
Un gameplay exigeant… même très exigeant.
Ce jeu marque les esprits par son ambiance poétique mais souvent les jeux à tendance artistique déçoivent par leur gameplay. Ori réussit encore à nous surprendre en proposant un gameplay plateforme/action (semblable à Metroid) particulièrement exigeant.
Si le gameplay reprend à son avantage les grands principes du genre, Ori innove néanmoins en multipliant les collections et les mécanismes de gameplay « hardcore ». Son système de sauvegarde, par exemple, est à double tranchant car basé sur la capacité du joueur à collectionner suffisamment d’orbes. Ainsi, ne pas pouvoir sauvegarder après un passage délicat par manque d’orbes peut s’avérer frustrant.
Son gameplay se montre donc très orienté hardcore, ne laissant souvent pas la place à l’improvisation et punissant sévèrement la moindre carence en skill. Si son ambiance le destinait à un public large, son gameplay sans doute trop extrême a plutôt tendance à réduire son impact auprès d’un public moins initié.
On peut aussi regretter que, de temps en temps, Ori utilise la recette un peu facile du « die and retry », ces jeux que l’on arpente en mourant à répétition jusqu’à comprendre comment passer l’obstacle. Et mourir, croyez-moi, vous allez le faire… souvent, très souvent. Certains passages délicats mettront vos nerfs à rude épreuve en multipliant les coups vaches et les sauts au millimètre mais sans pour autant provoquer un syndrome de la manette jetée dans la télévision de rage.
En effet, l’animation est tellement fluide et le gameplay tellement soigné qu’on ne peut jamais accuser le jeu de tricher pour nous faire perdre, on comprend vite que si l’on ne passe pas un obstacle, c’est juste que l’on n’est juste pas assez appliqué. Heureusement, le reload après une mort est particulièrement rapide, garantissant un retour à l’action immédiat. Ainsi, même si la mort reste très pénalisante avec ce système de sauvegarde qui vous obligera parfois à recommencer des niveaux entiers, on n’a jamais le temps de réfléchir ou de râler et on réessaye immédiatement de passer ce passage qui nous bloque.
Mais soyez quand même prévenus qu’Ori est un jeu très exigeant, très difficile et qui, même s’il n’est pas très long (une grosse dizaine d’heures de jeu), pourrait bien avoir raison de vos nerfs. Un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains donc.
Conclusion
Ori and the Blind Forest est une expérience assez unique dans le jeu-vidéo actuel. Un jeu qui mélange la perfection artistique et la poésie de son ambiance à un gameplay hardcore à souhait qui n’hésitera pas à vous punir à la moindre erreur. Un mélange surprenant qui aura malheureusement pour effet de faire fuir les moins adroits ou tout simplement les moins patients des joueurs.
Quel dommage que tant de joueurs plus occasionnels n’aient pas l’occasion de profiter de l’univers juste exceptionnel proposé par Ori suite à ce choix un peu hardcore des développeurs. Les autres, ceux qui insisteront et passeront au-dessus de la difficulté parfois juste trop élevée d’Ori, risquent bien de ne jamais oublier leur expérience.
Ma Note : 8/10
Ori and the Blind Forest est disponible sur Xbox One, Xbox 360 et PC.
Une fois de plus je le redis c’est le genre de jeu qui donne du sens au jeux vidéo / vidéoculture.
Par contre j’ai toujours du mal avec ces jeux qui devraient majoritairement rester sur tablette et consoles portable .
bonjour
Salut à toi aussi Regine et merci à Quantic pour le résumé de Ori and the Blind Forest