Watch_Dogs aura été un jeu très attendu. Il faut dire qu’après la surprise de l’E3 2012, tous les joueurs de la planète attendaient ce jeu comme le messie sauveur de la Next Gen. Mais la sauce hacker/vengeur masqué dans un monde à la GTA a-t-elle vraiment prise ?
Watch_Dogs est un GTA-like, cela se sent dès les premières minutes de jeu mais là où Saints Row a plutôt versé dans la parodie du chef d’oeuvre de Rockstar, Ubisoft s’est un peu plus creusé la tête en proposant une approche beaucoup plus originale avec de vraies innovations de gameplay. Et on ne peut constater qu’une chose : cela marche !
Plus grand, je serai hacker chez Ubisoft
Le scénario nous met dans les baskets d’Aiden Pierce, hacker de son état et accessoirement voleur professionnel de données privées. Avec un simple smartphone et en moins de temps qu’il faut pour le dire, il vous vide votre compte en banque, écrit à votre femme que vous partez changer de sexe au Brésil avant d’effacer votre identité. Un magicien du piratage informatique en quelque sorte.
Sauf qu’un jour, le petit hacker se trouve confronté à plus fort que lui et c’est sa famille qui payera le prix fort. Aiden fait alors profil bas, préparant sa vengeance et se transformant en un vengeur masqué capable de repérer les crimes à l’avance et de contrôler les systèmes informatiques de la ville pour échapper à la police. Au cours de ses recherches, il découvre vite que son hack du ctOS, le super ordinateur qui contrôle la ville, cache quelque chose de bien plus dangereux pour les libertés individuelles des citoyens.
Incarner un hacker dans un jeu-vidéo, voilà qui est séduisant sur le papier. Tout l’art d’Ubisoft Montréal a été de transformer cette bonne idée en quelque chose de réellement excitant dans un jeu-vidéo. Et la réussite du projet était loin d’être garantie. Finalement, Watch_Dogs se présente comme un mix réussi entre un GTA pour son gameplay très axé sur les véhicules et un Assassin’s Creed pour ses mécaniques de jeu secondaires. Ainsi, un peu à l’image des tours de guets d’Ezio, Aiden doit libérer des quartiers de la ville en piratant l’antenne locale du ctOS. Il débloque ainsi une foule de quêtes secondaires ainsi que le fameux flux en temps réel apparaissant sur chaque passant.
En passant en mode hacking, on peut lire en surimpression sur chaque passant qui il est, ce qu’il fait dans la vie, ses revenus et d’autres informations sensibles. Et libre à nous ensuite de le hacker pour vider son compte en banque ou débloquer d’autres bonus. Visuellement, l’effet est assez grisant et on se sent véritablement maître de la ville et des destinées de ses citoyens. En plus, une foule de mini clins d’oeil sont disséminés dans les descriptions mais aussi dans quelques quêtes secondaires. Les fans d’Ubisoft seront aux anges.
Mais le cœur du jeu reste cet incroyable monde ouvert mis en place par Ubisoft. Un Chicago plus vrai que nature et quasi photo-réaliste. Entre les gratte-ciels du quartier financier, les banlieues huppées et les zones industrielles à la sécurité très relative, on retrouve une belle variété de décor qui se prête à merveille aux différentes missions qui nous sont proposées.
Un gameplay innovant pour un monde ouvert grandiose.
La quête principale (par ailleurs assez longue, une bonne vingtaine d’heures de jeu) est assez classique et tout à fait dans la lignée d’un GTA avec son lot d’infiltrations, de massacres en masse et de poursuites en voiture avec nos ennemis ou avec la Police. Le scénario, pourtant prometteur, m’a quand même un peu laissé sur ma faim.
Aiden ne déborde pas de charisme et son caractère un peu monomaniaque/introverti ne le rend pas très sympathique. Heureusement, quelques personnages secondaires parviennent à relever l’ambiance avec une touche d’humour et de second degré plutôt bienvenu.
Si Ubisoft a un peu raté son histoire et ne propose rien de vraiment original dans l’objectif des quêtes, la manière de les mener à bien est , par contre, complètement repensée.
A pied, on doit très souvent infiltrer un bâtiment donné et là trois options se présentent généralement. La plus classique est bien sûr le rentre-dedans brutal avec son défouraillage à l’arme de guerre, sauf qu’Aiden est un hacker et pas un super héros ou un militaire aguerri. Il est donc peu résistant aux balles et seule sa capacité de bullet time qui ralentit le temps quelques secondes l’aidera dans cette approche brutale. En pratique, je déconseille fortement de foncer dans le tas, surtout parce que l’IA des gardes est vraiment réussie. On se fait encercler en moins de deux par des renforts auxquels on ne s’attendait pas.
La seconde approche est beaucoup plus originale puis qu’elle fait appel aux capacités spécifiques d’Aiden. On peut ainsi gentiment se poster à l’extérieur du bâtiment et naviguer de caméra de surveillance en caméra de surveillance et même parfois réaliser l’ensemble de la mission sans toucher au moindre garde ou même avoir à se déplacer dans la zone sensible.
Mais la plupart du temps, une mission type est un mélange d’infiltration où l’on fait avancer Aiden à pas de loups dans le complexe à infiltrer tandis que l’on utilise les caméras pour observer ce qui nous attend et déclencher une série de pièges pour éliminer les gardes un à un en évitant l’affrontement direct. Un gameplay beaucoup plus orienté réflexion qu’action et cela fait du bien aux neurones. Mais rassurez-vous, de l’action, il y en a quand même beaucoup car bien souvent, on finit par faire une erreur et on se retrouve à devoir tracer son chemin à la sulfateuse à l’aide des nombreux gadgets à notre disposition.
Aiden a en effet à sa disposition un craft basique de gadgets qui nous aideront dans notre progression. Il y a les classiques grenades mais aussi un brouilleur de communication (très utile pour empêcher un citoyen d’appeler la police ou un ennemi des renforts) ou un leurre qui vous permettra d’attirer un garde près d’un piège par exemple. Mais le plus cool est bien sûr le blackout qui coupe l’alimentation électrique de tout le quartier, plongeant vos adversaires dans le noir et le chaos le plus total tandis que vous filez en douce.
En voiture, le gameplay est entièrement basé sur nos qualités de pilotes et de hacker. Ainsi, le modèle de pilotage proposé est vraiment très réussi. On sent la lourdeur de la voiture et les nombreuses voitures et motos disponibles ont toujours un feeling différent et très agréable à prendre en main. Lors d’une poursuite par la Police par exemple, il s’agit de les semer en cassant les lignes de vues ou en créant des problèmes pour nos poursuivants. On peut par exemple pirater les feux de circulation pour créer un gigantesque carambolage, relever un pont après notre passage, fermer une grille sur nos poursuivants… Les possibilités sont nombreuses.
Par contre, il faut noter l’impossibilité de tirer tout en conduisant, un petit manque rapidement compensé par les nombreuses possibilités de piratages proposées qui rendent le pilotage dynamique et spectaculaire.
Ces deux gameplays très différents me sont apparus comme complémentaires et ont réussi à procurer au fan de GTA que je suis un véritable nouveau feeling pour ce genre de jeu. Un peu comme si on se sentait en terrain connu mais avec une petite touche de nouveauté qui transforme tout.
Et bien entendu, nos compétences de hackers évoluent avec le temps. Au début du jeu, on démarre avec le « set de base » mais chaque action nous rapporte de l’expérience et à chaque niveau passé, on gagne des points à dépenser contre de nouvelles capacités de hacking mais aussi de nouveaux objets à créer ou des aides au pilotage ou au combat. Les possibilités qui s’offrent à nous évoluent donc en permanence au fur et à mesure de notre progression dans le jeu.
Un terrain de jeu très riche.
A côté de la quête principale, une quantité incroyable de missions secondaires est disponible depuis les missions consistants à échapper à la police à bord d’une voiture suspecte jusqu’à l’interception de convois de criminels en passant par l’invasion de QG de gang. Et à chaque fois, nos capacités de hacking seront mises à contribution. Mais mes chouchous, ce sont les missions de chasse au crime. On est envoyé dans une zone suspecte et à l’aide de notre mode hacking, on détermine qui parmi les passants est susceptible d’être victime d’un crime. Il suffit alors de le suivre et d’intervenir en flagrant délit. Un mode très simple mais qui m’a vraiment beaucoup amusé.
Mais je n’ai décrit ici qu’une toute petite partie des activités secondaires proposées dans Chicago. Il y a aussi une multitude de jeux réels (échecs, poker,…) et virtuels (fps en réalité augmentée, …) mais aussi les inévitables collections associées à un monde ouvert (téléphone, code QR, …). C’est bien simple, si vous êtes comme moi et que vous commencez par nettoyer la carte de tous les centres ctOS pour libérer l’ensemble des activités disponibles, le nombre de points d’intérêt est tout simplement hallucinant.
Une autre caractéristique de Watch_Dogs est son absence de multi-joueurs séparés. Le multi est directement intégré à votre partie solo. Ainsi, il est bien sûr possible de demander à participer à un des nombreux jeux multi (cache-cache à la Assassin’s Creed, course de voitures, …) mais la plupart du temps, c’est en piratant les passants que l’on recevra une proposition de participer à une partie entre amis et tout cela est vraiment bien intégré au jeu.
De temps en temps, on se fera aussi envahir par un joueur afin de récolter une prime mais cela reste assez rare. Après chaque partie, on verra sa notoriété évoluer en positif ou en négatif, ce qui nous apportera des petits bonus de gameplay. Rien de vraiment décisif pour la réussite de la partie solo mais ce mélange solo/multi fonctionne assez bien.
Je vous avais aussi déjà parlé du mini-jeu disponible sur tablette et qui permet à un possesseur de tablette de pourchasser un joueur dans son propre monde. Cette fonctionnalité reste un gadget mais je reste bluffé par la réactivité du transfert d’information entre les deux joueurs.
Enfin, visuellement, ce n’est pas encore la claque ultime qu’on espérait. Le jeu est beau mais quand même moins beau que ce qui a été présenté il y a deux ans en grande pompe à l’E3. On sent que la grande majorité du développement s’est quand même encore déroulé sur de l’Old Gen. Il faudra donc attendre avant de découvrir ce que la Next Gen a vraiment dans le ventre.
Conclusion
Ubisoft a placé la barre très haut pour Watch_Dogs. Sand doute un peu trop haut et donc il souffre un peu du syndrome Molyneux. On nous a tellement annoncé Watch_Dogs comme le jeu ultime de cette année (ce qu’il sera peut-être d’ailleurs) qu’on en espérait trop. Un petit sentiment de déception en début de partie se fait donc inévitablement sentir.
Mais celui-ci laisse rapidement la place à un véritable plaisir de découverte d’un monde ouvert fabuleusement réussi et d’innovations de gameplay qui apportent un vent de fraîcheur au monde des GTA-like. Dommage que l’idée de base du hacker justicier n’ait pas réussi à donner naissance à un scénario aussi réussi que ce que l’on espérait.
Mais rappelons-nous qu’il s’agit ici du premier jeu de la licence Watch_Dogs qui appellera certainement de nombreuses suites. Rappelez-vous à quoi ressemblait le premier Assassin’s Creed : un univers grandiose mais un jeu moyen au final et regardez comment la licence a évoluée lors des épisodes suivants (au passage, Assassin’s Creed 2 fait partie de mon top 10 des meilleurs jeux de tous les temps).
On peut donc espérer que la licence évolue positivement maintenant que ses bases, déjà solides, sont établies. Quoi qu’il arrive, je conseille Watch_Dogs à tous les fans de monde ouvert. Il réussira à vous surprendre par son univers original et ses innovations de gameplay réussies.
Ma Note : 8,5/10
Watch_Dogs est disponible sur PS4, Xbox One, PS3, Xbox 360, PC et bientôt sur Wii U.
Enfin un vrai test qui montre bien les points faible et les points fort de Watch Dogs ;). Super article
Merci, bien content que mon très long test te plaise…
Comme Aelya me dit souvent, tu radotes, tu radotes 😉