The Last of Us Part 2 sera disponible dans quelques jours mais cette suite très attendue mérite-t-elle l’attention qu’on lui accorde ? Réponse instantanée : oui, 100 fois oui.
Bien peu de jeux peuvent se targuer de survivre à une attente démesurée. C’est un effet psychologique classique de se montrer déçu par un titre que l’on attendait avec impatience mais avec The Last of Us part 2, ce n’est clairement pas le cas. Attention, chef d’oeuvre en approche.
Un scénario sans concessions
Que c’est difficile de partager avec vous tout l’amour que je porte à ce jeu sans vous spoiler quoi que ce soit. Les événements et la structure de l’histoire sont tellement uniques, tellement bien construits qu’il faut impérativement les vivre pour en tirer toute leur quintessence.
Sachez juste que l’histoire reprend quelques années après les événements du premier jeu et tourne autour d’Ellie. La jeune fille fragile a grandi et commence à être confrontée à des problèmes d’adulte sauf qu’un événement dramatique va changer encore une fois sa vie. Animée par sa haine et son désir de vengeance, elle se lance dans un nouveau road trip où la violence sera son lot quotidien.
Les premières heures de jeu donnent l’impression que The Last of Us Part 2, ce n’est que cela : un jeu de grande qualité mais finalement une simple histoire de vengeance teintée de violence. On en vient presque à se dire : « c’est tout ? ». Et puis, en progressant, on découvre la profondeur du scénario, l’intelligence de la mise en scène mais surtout un message que bien peu de jeu vidéo sont capable de transmettre avec une telle justesse.
The Last of Us Part 2 est une histoire qui va remettre en question ce que vous pensez comme acquis. Une histoire qui traite de la haine, du rejet de ce qui est différent et de notre capacité à nous satisfaire du mal que nous pouvons faire aux autres. Un sujet terriblement d’actualité qui résonne comme quelque chose de tellement vrai qu’on en vient à se demander si le monde apocalyptique de The Last of Us n’est pas tout simplement un reflet de notre société actuelle.
Nous avons connu Ellie enfant, elle n’était déjà plus naïve mais se montrait souvent fragile. Ici, on la découvre capable des actes les plus violents qui soient. Une fuite en avant qui ne pourra jamais être satisfaite mais que, pourtant, nous comprenons. C’est ici que The Last of Us Part 2 nous interpelle le plus : par sa capacité à mettre en scène une héroïne que l’on aime, à lui faire accomplir des actes d’une violence sans nom et nous faire dire inconsciemment : « Je la comprends ».
Mais cette suite va plus loin, elle nous apprend que le monde n’est pas noir ou blanc et que nous sommes tous le « bad guy » de quelqu’un. Elle nous apprend aussi à quel point les événements de notre vie peuvent nous façonner, nous transformer pour le meilleur et pour le pire.
La justesse du propos de The Last of Us Part 2 ne se limite pas aux thèmes précités. Presque tous les sujets clivants de notre société moderne sont abordés (religion, sexualité, etc) et leur traitement se fait sans aucune concession ou censure.
C’est un jeu qui ne craint pas de choquer, qui ne se montre pas conciliant, qui ne laissera personne indifférent. Et rien que pour ça, il faut y jouer.
A ce titre, cette suite est un jeu résolument adulte. Quand GTA utilise beaucoup la satire et le second degré pour faire passer ses thèmes, il les adoucit en quelque sorte, ici, on se prend le message en pleine figure et cela fait du bien !
Une direction artistique proche de la perfection
Il n’y a pas que le scénario de The Last of Us Part 2 qui secoue nos valeurs. La mise en scène de nos actes et la représentation de la violence contribuent aussi à la transmission du message du jeu.
Ellie se montre sans pitié mais cette fois, contrairement au premier jeu, la violence est bien plus graphique. Munie de son couteau, Ellie tranche les gorges, plante son couteau dans la chair et laisse ses victimes mourir dans un gargouillis sordide. Cette violence crue offre un double sens : d’un côté, elle est visuellement très esthétique (on se croirait dans un film de Tarantino) mais d’un autre, elle contribue au malaise général de nos actes.
Le fait que chaque ennemi possède un nom et une vie nous rendra encore plus coupable mais nous rend également plus responsable de ce que l’on vient d’accomplir.
Techniquement parlant, la Playstation 4 est clairement poussée dans ces derniers retranchements et la transition des cinématiques aux phases de gameplay est tout simplement invisible.
Difficile de ne pas citer la quasi perfection de tout ce qui s’affiche à l’écran : animation impeccable, fluidité jamais mise en défaut, etc. Cela sent le jeu fignolé aux petits oignons et c’est un vrai plaisir visuel de découvrir le monde d’Ellie.
L’univers dans lequel on évolue reste pourtant très linéaire, c’est le cas des jeux Naughty Dog depuis longtemps maintenant. Mais, les niveaux sont beaucoup plus grands que dans le premier jeu et offrent de nombreuses possibilités d’exploration facultative. Il y a toujours une maison ou une cave à explorer pour découvrir de précieuses ressources ou même un coffre-fort à ouvrir. Mais si votre truc, c’est de foncer dans le tas, c’est également possible sans nuire à la qualité narrative du titre.
Seule exception à la relative linéarité du titre, la toute première zone de notre aventure qui propose un petit monde ouvert, un peu à l’image de celui présent dans Uncharted : The Lost Legacy. Et comme dans ce dernier, la liberté est appréciable mais l’intensité de la narration en prend un coup.
On notera aussi le grand nombre d’easter eggs faisant référence au monde de Playstation mais aussi à d’autres grands titres du jeu vidéo. Certaines référence sont un peu lourdes (il y a des PS3 un peu partout) mais les plus croustillantes sont aussi les mieux cachées.
Un gameplay classique mais jamais répétitif
Au rayon gameplay, The Last of Us part 2 ne se réinvente pas outre mesure. Il y a bien quelques nouveautés comme le fameux couteau d’Ellie, la possibilité de casser des vitres ou l’utilisation d’une corde pour se sortir d’un mauvais pas mais rien qui bouleverse le gameplay original.
Il s’agit donc toujours d’un mélange harmonieux entre infiltration et action. La difficulté n’est pas très élevée mais le challenge reste présent. Finalement un bon équilibre pour ne pas frustrer les joueurs par une difficulté trop élevée alors que l’histoire du jeu est la clé de sa réussite. Il faut véritablement arriver au bout du jeu pour en comprendre toute sa profondeur. Comptez 25 heures de jeu pour en voir le bout et environ 40 heures pour tout faire.
Ce qui ne veut pas dire que le système de combat soit bancal ou secondaire, il est juste parfaitement adapté au genre du jeu.
Aucun titre n’est parfait et on constatera quand même de rares raccourcis scénaristiques un peu facile et quelques incohérences dans le monde de The Last of Us mais sincèrement il faut vraiment chipoter pour lui trouver des défauts.
Conclusion
Avec The Last of Us Part 2, Naughty Dog signe ce qui restera sans doute comme l’apogée de la Playstation 4.
Un jeu qui se rapproche fort de ce que je considère comme la perfection en matière de jeu vidéo : techniquement irréprochable, scénario profond et sans concession, gros coup de poing émotionnel et vrai message à transmettre.
La haine de l’autre, la vengeance, le plaisir de faire souffrir l’autre, de le juger pour ce que l’on pense qu’il est, voici quelques thèmes brillamment traités dans ce qui se rapproche d’un pur chef d’oeuvre.
On pourra critiquer sa violence exacerbée et son approche clivante face à des sujets d’actualité brûlants mais on ne pourra jamais retirer à ce jeu sa qualité première : utiliser un monde apocalyptique en déchéance pour nous renvoyer une image de notre société moderne.
Ce titre fait partie de ces jeux trop rares capables de nous donner de l’émotion et de nous faire réfléchir à nos comportements.
The Last of Us Part 2 est juste un jeu indispensable, par sa qualité mais surtout par ses thèmes et la justesse de leur traitement.
5 commentaires sur “The Last of Us Part 2, notre test sans spoilers d’un jeu qui fera date”