Grands fans de l’oeuvre originale de Yukito Kishiro, Gunm, nous avions un peu peur de ce que Hollywood allait faire à notre Gally chérie. Car même si James Cameron s’est toujours présenté comme admirateur du manga d’origine, cela faisait quand même 20 ans qu’il essayait d’en faire un film, ce qui n’est jamais bon signe. Trop pris par les suites d’Avatar en préparation, il a confié la réalisation à son ami de longue date Robert Rodriguez, un réalisateur un peu irrégulier surtout connu pour le très graphique Sin City et les générationnels El Mariachi et Une Nuit en Enfer.
Ce duo avait la lourde tâche d’adapter un matériel particulièrement travaillé : Gally (qui s’est transformée en Alita au cours du doublage US des OAV) est un personnage d’une profondeur insoupçonnée, Kuzutetsu (devenue Iron City) est une ville de cauchemar d’une violence inouïe, Zalem, la ville flottante cache un mystère insoupçonné mais surtout c’est l’incroyable capacité de Kishiro-san d’imaginer des cyborgs plus déjantés les uns que les autres qui appelle au chef d’oeuvre.
Une adaptation capable de satisfaire les fans tout en ne perdant pas le public non initié tenait donc du miracle… et le miracle a eu lieu.
Très décrié pour son look (à renfort de grands yeux) dans les premiers trailers, le personnage d’Alita s’avère absolument fantastique aussi bien visuellement qu’au niveau de l’interprétation de Rosa Salazar dont on sent la présence dans chaque scène. Alita est probablement le premier personnage humain (enfin presque) 100% virtuel parfaitement crédible au cinéma.
Le scénario d’Alita Battle Angel reprend un mélange assez fidèle des deux premiers arcs du manga (avec le motorball en bonus parce que bon, c’est le motorball quand même). Il y a quelques libertés prises et même un personnage ajouté de toutes pièces mais jamais, je n’ai eu l’impression que ces changements trahissaient l’oeuvre originale. On peut discuter de leur intérêt narratif mais l’esprit de Gunm est toujours préservé.
Le docteur Ido est cybernéticien sur Iron City, une grande ville terrestre alimentant la mystérieuse Zalem, la dernière ville flottante. En fouillant les déchets rejetés par Zalem, il tombe sur un reste de cyborg au corps détruit mais au cerveau humain intact. Il décide de lui redonner un corps et la nomme Alita. Cette jeune fille a perdu la mémoire et doit redécouvrir la vie sur Iron City ainsi que son passé, clairement lié à Zalem.
La grande force d’Alita Battle Angel, c’est bien sûr Alita elle-même.
Ce personnage d’apparence naïf qui découvre la vie et l’amour tout en cachant un destin hors du commun est sans doute un des personnages féminins les plus forts dont on puisse rêver. On comprend tout de suite ce qui a attiré James Cameron dans Alita : il y a du Ripley (Aliens) ou encore du Sarah Connor (Terminator) en elle.
Très fidèle à l’oeuvre originale, Alita Battle Angel s’adresse aussi aux non connaisseurs de Gunm. Non seulement, cette histoire de jeune cyborg frêle se transformant en héroïne au caractère trempé est une belle histoire de passage à l’âge adulte mais en plus chaque spectateur pourra y trouver un personnage auquel s’attacher. Alita incarne la jeune ado un peu paumée, un peu rebelle qui cherche sa voie. Le docteur Ido (Christoph Waltz) incarne l’image du père un peu trop protecteur qui sait qu’il ne sera pas toujours là pour protéger sa « fille » (les pères se reconnaîtront bien) tandis que Chiren (Jennifer Connelly) incarne elle aussi un rôle important dans la sphère familiale (mais je n’en dirai pas plus ici). Toujours est-il que bien des spectateurs trouveront leur compte dans l’histoire qui nous est racontée.
Visuellement parlant, difficile de ne pas tomber d’émoi devant la qualité des effets spéciaux et de la mise en scène. Iron City est fabuleusement belle et Zalem garde ce côté mystérieux que l’on aime tant. Comment ne pas parler non plus des fabuleuses scènes de combat qui nous plongent dans l’action ou encore du motorball qui constitue sans doute la scène d’action la plus réussie du cinéma de ces dernières années.
Pourtant, il ne faut pas se leurrer, tout n’est pas parfait.
Le personnage de Hugo (Keean Johnson) manque de développement et la conclusion de sa relation avec Alita pourra laisser certains spectateurs sur leur fin (à moins d’avoir lu le manga original). Sa romance avec Alita parait également un peu artificielle mais il faut reconnaître également que l’interprétation de Keean Johnson est clairement un niveau en-dessous de celle de ses partenaires.
On regrettera également qu’Iron City paraisse par moment un peu trop joyeuse, à se demander pourquoi certains personnages veulent à tout prix la quitter. Il y a des mauvais quartiers, certes, mais dans l’ensemble, elle ressemble plus à une ville typique de science-fiction qu’à la cité cauchemardesque que l’on imaginait. Au cours du film, on découvre de plus en plus ses côtés sombres mais elle est présentée de manière un peu trop positive au début de l’histoire. Enfin, bien que le motorball fasse partie des scènes les plus iconiques et les plus « trippantes » du film, il est un peu parachuté dans l’histoire sans que son intégration ait réellement du sens.
Conclusion
Alita Battle Angel était attendu par une armée de fan prêt à en découdre en cas d’adaptation ratée. Eh bien, ils peuvent être rassurés car l’adaptation de James Cameron et Robert Rodriguez tient tout à fait la route. Fidèle à l’esprit du manga d’origine tout en lui apportant quelques changements qui ne dénaturent pas l’oeuvre originale, Alita saura aussi séduire le public non initié au manga d’origine par ses personnages profonds et sincères mais aussi par ses scènes d’action d’un réalisme cybernétique étonnant. Alita Battle Angel réussit quasiment le grand écart entre fidélité à un matériel d’origine grandiose et film pop-corn qui plaira aux amateurs d’action.
Alita Battle Angel manque peut-être un peu de véritable émotion (du genre à faire pleurer dans les chaumières) mais il compense par une capacité hors du commun à s’adresser, entre deux gros « fights », à notre intelligence émotionnelle, à nous faire poser quelques questions sur nous-mêmes et notre relation à la vie.
Ce film est une vraie réussite et nous vous encourageons donc à aller le voir que vous soyez fan du manga d’origine ou pas : il faut encourager les studios à réaliser d’autres films de ce genre !
Alita Battle Angel sera sur vos écrans de cinéma à partir du 13 Février.
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