Il fut un temps où les jeux typiquement japonais ne sortaient qu’au Japon et où il fallait ruser avec l’import pour se les procurer. Aujourd’hui, avec la volonté de l’éditeur NIS America, ce marché s’ouvre à l’occident pour le meilleur et pour le pire. Alors, dans quelle catégorie est-ce que Criminal Girls : Invite Only va se retrouver ?
Criminal Girls est un jeu avec de la bouteille puisqu’il date de 2010 et était à l’époque une exclusivité PSP. Pour sa sortie sur PS Vita, il nous revient en version « remastérisée » avec deux nouveaux personnages et quelques niveaux bonus.
Par contre, techniquement, on sent qu’on a entre les mains un jeu PSP vaguement adapté à la PS Vita mais d’un autre côté, ce côté vieillot lui confère un certain charme. Nos personnages sont tellement pixélisés qu’on croirait presque avoir à faire à du pixel art. Bon, par contre, je ne suis pas certain que ce soit vraiment voulu.
Un gameplay vu et revu mais toujours aussi addictif.
Mais plus que le jeu en lui-même qui s’apparente à un mélange de J-RPG très light et de Dungeon Crawler, c’est son concept qui attire l’attention. Alors, accrochez-vous : Scénario à dormir debout à l’horizon.
Vous vous réveillez en Enfer, affublé d’une assistante à la cravache facile, et vous découvrez que votre mission est de rééduquer des filles criminelles dans l’âme. Pour être précis, ces demoiselles sont mortes avant de commettre le moindre crime mais elles avaient le potentiel de les commettre et sont donc en rééducation. A vous de les remettre sur le droit chemin afin qu’elle puisse se réincarner pour une vie meilleure. Oui, bon, ça n’a pas de sens, c’est japonais mais c’est un jeu-vidéo, donc admettons et passons à la suite… genre on a tout compris.
Le problème, c’est que votre zone de rééducation semble envahie d’entités pas tout à fait à leur place et légèrement agressive. Vous voilà donc coincé avec vos criminelles, condamné à vous sortir de ce pétrin. Le gros du jeu consiste à crapahuter dans des couloirs et à combattre des monstres jusqu’à battre le boss avant de passer au monde suivant.
Les combats constituent du coup la principale attraction du gameplay et ceux-ci s’avèrent intéressants mais vite répétitifs. En pratique, chacune des filles de votre groupe vous propose à chaque tour une action qu’elle peut réaliser (attaque de base, attaque magique, attaque combinée, buff, soins, etc). Et il vous suffit de choisir l’action la plus appropriée. Ce système fonctionne assez bien et ne se montre pas trop aléatoire.
Revers de la médaille, il se montre du coup très répétitif, surtout que la difficulté globale est assez basse. On se retrouve donc vite à enchainer les combats sans pour autant se passionner pour le jeu qui dispose quand même d’une durée de vie assez conséquente : un bon 25 heures si on fouille tout.
Et c’est là que ce gameplay a priori basique montre son potentiel. Oui, les combats sont répétitifs à souhait mais comme tout bon dungeon crawler, ils sont vite addictifs… Je me suis ainsi retrouvé à lancer une partie avant d’aller au lit pour finir par lâcher la console par manque de batterie plusieurs heures plus tard. J’ai appris à la dure ce que j’appelle la règle de Candy Crush ou comment un jeu au gameplay « pourri » peut vous transformer en addict et donc ne pas être si pourri que ça…
Et le coquin, le sexy, les filles court vêtues, c’est pour quand alors ?
Voilà donc un jeu assez moyen sans grande originalité, me direz-vous. Et où est l’aspect coquin ou même érotique (enfin tout est relatif) clamé par le trailer. Calmez-vous, calmez-vous, j’y viens. Comme je vous le disais plus haut, nos filles sont des criminelles et donc, elles n’ont pas l’intention de se laisser faire si facilement et de vous obéir aveuglément au combat. Il va donc falloir les motiver (traduction très politiquement correcte du « Punish » japonais). Et au Japon, comment est-ce qu’on motive les jeunes criminelles ? En les habillant de façon suggestive et en leur faisant subir des séances de torture motivation.
Au cours du jeu, nous gagnons de nouveaux outils pour motiver notre équipe (cravache, électrocution, j’en passe et des meilleures), histoire d’un peu varier les plaisirs. Ainsi, au fur et à mesure de nos séances individuelles avec nos donzelles à la peau fragile, on va les motiver à combattre pour nous tout en leur faisant gagner de nouvelles compétences. Bon, le concept est « limite », il faut l’avouer mais d’un autre côté, on était prévenu puisque ces séquences constituent 95% du marketing du jeu.
Dans la pratique, ces séquences de motivation sont présentées sous la forme de mini-jeux assez médiocres, mettant à profit les capacités tactiles de la Vita. Pour vous motiver, vous, sachez qu’au fur et à mesure de la progression, différentes images sexy de nos héroïnes apparaitront devant vos yeux ébahis ou horrifiés en fonction de vos orientations sexuelles et de votre préparation psychologique au jeu.
En pratique, nos filles sont de dignes représentantes de tous les clichés des héroïnes de manga : la fille à forte poitrine et décolleté plongeant un peu naïve, la passive-agressive qui est bien gentille au final, la gamine qui ne doit pas avoir 12 ans, la timide aux pouvoirs surnaturels, etc.
Ces séquences un peu coquines et sans doute un peu limite pour le public occidental ont été censurées pour garantir une sortie du jeu en Occident sans trop de heurts mais cette censure est minimale puisqu’elle se résume à laisser un peu de brume sur les parties sensibles des images ou à supprimer les plaintes et autres petits bruits de nos victimes pendant les séances de motivation.
Voilà donc un jeu assez difficile à juger puisque le public cible sait à quoi s’attendre et ne sera donc pas plus outré que cela par les séquences de motivation. Ce public pourra d’un autre côté être déçu de l’aspect répétitif à souhait des combats. Par contre, si vous ne saviez pas ce que vous achetiez et que vous êtes un peu « coincé » ou pas très sensible à une partie (pas forcément la meilleure) de la culture japonaise, ces séquences peuvent se montrer carrément choquantes.
Pour ma part, je pense surtout qu’il faut arrêter l’hypocrisie autour de ces jeux vaguement érotique en provenance du pays du Soleil Levant. Que les bien-pensants s’en offusquent, c’est normal et je leur conseille de jouer à autre chose. Mais que les amateurs de jeux sexy n’en attendent pas non plus des merveilles car il faut avouer qu’il n’y a quand même pas de quoi fouetter un chat.
Conclusion
Criminal Girls : Invite Only est un jeu globalement peu inspiré avec son système de combat répétitif et sa technique vieillotte même s’il peut se montrer très addictif. Il ne sort vraiment du lot que par ses fameuses séquences de motivation coquine qui feront sourire certains ou au contraire feront crier au loup les âmes les plus pures. Au final, il ne s’agit quand même que d’un RPG très light et pas facile à jouer discrètement dans le métro.
Pourtant, j’aimerais saluer le courage de NIS America de nous sortir mois après mois des jeux typiquement japonais qui n’auraient jamais vu le jour autrement dans nos contrées. Continuez sur cette voie, ça fait plaisir.
Ma Note : 6,5/10
Criminal Girls : Invite Only est disponible en exclusivité sur PS Vita.
Je ne comprends pas du tout l’intérêt de censurer, même légèrement, un jeu de ce type. C’est déjà un produit d’hyper niche en Europe – encore qu’il y a de plus en plus de connaisseurs – donc les acheteurs savent exactement à quoi s’attendre !
Et pour les 3-4 qui l’achèteraient par hasard pour le look manga, ils pourraient encore regarder le PEGI…