Activision et sa politique de sortie annuelle de Call of Duty est à double tranchant. D’un côté, les fans sont aux anges et repassent à la caisse chaque année mais d’un autre côté, les « plus râleurs » crient à la surexploitation et n’hésitent plus à qualifier cette licence, autrefois réputée, de sous-fps destiné aux masses…
Mais si le jeu se vend par palettes entières, c’est qu’il doit bien avoir quelques qualités, me direz-vous. Examinons-cela tout de suite avec la version PS4 que j’ai pu tester.
Un solo toujours à la traîne.
Le solo n’a jamais été le point fort de la licence. Ici aussi, il s’exécute vite fait bien fait en moins de 5 heures sans apporter réellement un challenge au joueur. Pourtant, quand on le compare au raté qu’était le solo de Battlefield 4, on pourrait presque le qualifier de réussite.
Bon, tout est relatif quand même puisque le scénario est encore plus pauvre que par le passé. Fini les États-Unis invincibles, ici, on suit deux frères faisant partie de ce qui reste d’une armée de fortune tentant de sauver les restes de « la plus belle nation du monde » des assauts répétés d’une bande de monstres sanguinaires (comprenez des sud-américains) rassemblés sous la bannière de la Fédération. Oui, vous n’y comprenez rien mais c’est normal et ne vous attendez pas à en apprendre beaucoup plus pendant le jeu.
Par contre, Ghosts a suivi à la lettre le cahier des charges scénaristique avec son lot d’émotions bien artificielles mais si vous êtes un habitué de la série, cela ne vous choquera pas beaucoup plus que cela. Plus réussie, la mise en scène de vos aventures s’en sort assez bien en nous proposant des missions plutôt courtes et donc très intenses où l’on ne s’embête pas.
Fidèle à sa réputation, Ghosts nous propose aussi sa petite sélection de moment de bravoure et je vous avouerai que cela fait toujours son petit effet. Eh oui, attaquer un objectif au milieu d’une colonne de chars alors que les chasseurs passent au ras du sol et que les hélicoptères d’assaut vous ouvrent la voie, cela fonctionne toujours bien avec moi.
Ce qui me gêne un peu par contre, c’est la course à la violence. Call of Duty n’a jamais été un enfant de chœur, on le sait mais cela ne vas pas en s’arrangeant dans cet épisode. Exécutions sommaires, assassinats de sang-froid commis par le joueur, encouragement tacite à considérer l’ennemi au bout de son canon satellitaire comme une colonie de fourmis plutôt que comme des êtres humains, rien de neuf en soi mais le malaise reste plus palpable que chez la concurrence.
D’autant plus que les héros semblent bien plus inquiets du sort de leur chien que de celui de leur père ou de leur prochain…
Transition parfaite pour vous parler de ce fameux chien qui a été au centre de la communication d’Activision tout au long du développement à tel point qu’on aurait cru que Peter Molyneux avait rejoint l’équipe tellement on avait l’impression de retrouver la communication de Fable et de son célèbre chien-compagnon. Dans la pratique, Médor (ah non, pardon, Riley) ne sert quand même pas à grand-chose, hormis une mission très risible où on le contrôle 5 minutes. En multi, il trouve une place plus utile mais uniquement défensive. Quel dommage, j’aurais bien aimé incarner un chien dans une map multi de Call of Duty 😉
Le solo n’est donc toujours pas une bonne raison pour acheter un Call of Duty : trop court, trop classique, le rapport qualité-prix n’y est toujours pas. Pour autant, il n’est quand même pas dénué d’intérêt. D’abord, il se défend bien face au solo de Battlefield 4 en très petite forme cette année. Ensuite, il reste spectaculaire et speedé à souhait tout en introduisant des missions concepts franchement originales. Par exemple, je suis complètement sous le charme des missions spatiales, à mi-chemin entre Gravity et Armageddon.
Avant de passer au multi qui reste le coeur du jeu, un petit mot sur la technique. J’ai principalement joué sur PS4 mais j’ai aussi testé quelques missions sur PS3. Si les versions current gen restent globalement de bonne qualité, malgré quelques ralentissements, les versions next gen sont vraiment très fines, surtout sur PS4 avec son 1080p plutôt agréable à l’oeil. Maintenant, on sent malgré tout que la version next gen reste un portage. Ainsi, on va être tantôt ébahi par la beauté de certaines scènes, tantôt dégoutté par ce qui est affiché à l’écran. Il faudra vraiment attendre les versions développées spécifiquement pour la next gen avant de crier victoire…
Je regrette toujours aussi la taille démesurée de certaines armes par rapport à l’écran (parfois près d’un tiers de celui-ci) et la pauvreté sonore des détonations toujours un peu molles à mon goût.
Un multi toujours à la hauteur
Si le solo reste (trop) court, le multi de « Call of » reste une véritable institution. Et cet épisode ne déroge pas à la règle en apportant quelques nouveautés pas franchement indispensables mais quand même bienvenues.
Ainsi, on pourra parcourir les 14 maps dans tous les modes qui ont fait le succès de la licence. Le plus populaire restant le bon vieux Team Deathmatch toujours aussi speedé et toujours aussi peu intéressant stratégiquement parlant avec de parfaits inconnus.
Mais quelles sont les nouveautés de ce multi ?
D’abord une personnalisation encore plus poussée de son soldat puisque l’on peut réellement le créer sur mesure en sacrifiant par exemple la seconde arme pour placer les points ainsi économisés dans de meilleurs atouts. A noter que pour la première fois, il existe aussi des modèles de soldats féminins. Une bonne initiative même si je crains que ce sera surtout l’occasion pour les filles de se faire encore plus pourrir leurs parties par de sombres misogynes sans cervelles.
On peut d’ailleurs noter que les modèles féminins auront fait leur apparition la même année que les chiens… Les dames apprécieront.
Je ne vais pas polémiquer plus longtemps sur le niveau « limité » de la communauté des joueurs mais pendant mon test, j’ai quand même réalisé une expérimentation intéressante. J’ai décidé au début d’une partie de donner une chance à mon équipe en activant les voix de mes équipiers (que je coupe toujours dans un Call of)… Et malheureusement, le test fut « bref » puisque 6 secondes après le début de la partie, premier kill et insulte immédiate à base d’anus et de parties génitales. Affligeant tout simplement.
Fermons cette parenthèse pour un peu parler des nouveaux modes de jeu. J’ai particulièrement accroché au nouveau mode Recherche et Sauvetage assez similaire au « vieux » Recherche et Destruction mais cette fois il est possible de ressusciter un équipier tombé au combat si l’ennemi n’a pas pris le temps de lui prendre son tag d’identification. Cela rend le mode plus stratégique et franchement intéressant. D’autres nouveaux modes sont apparus également mais sans pour autant me passionner.
A côté du classique mode multi, on retrouve également un mode escouade qui permet de créer de toutes pièces les différents membres d’une escouade en les équipant comme on le désire. Ensuite, on peut tout simplement combattre avec notre équipe contre des escouades créées par d’autres joueurs. L’idée est intéressante mais une IA n’aura jamais le même charme qu’un vrai joueur. Cela reste quand même une option vraiment intéressante.
A noter également que les clans de vrais joueurs sont à l’honneur dans Ghosts avec une véritable compétition qui se met en place avec de l’xp et du matériel à la clé.
Enfin, pour un peu renouveler le mode zombie, Ghosts nous propose une variante à base d’aliens. Le concept reste similaire : survivre à des vagues d’aliens légèrement scriptées aux côtés de 3 amis. Et si on commence le jeu avec un simple pistolet et un cure-dent comme seuls armes, on doit fouiller les lieux et gagner de l’argent pour s’acheter de meilleures armes et des bonus pour espérer survivre à la vague suivante. Le concept n’est pas neuf mais est toujours bien exploité et met la coopération entre soldats à l’honneur.
Conclusion
Call of Duty Ghosts est un épisode finalement assez classique pour la licence Call of Duty. Un solo très court mais speedé à souhait et qui réussit l’exploit de se montrer intéressant par manque de concurrent (Battlefield 4 proposant un solo encore pire) et un multi aux qualités indéniables. C’est donc bien pour ce multi que l’on craquera pour ce titre à condition d’avoir quelques bons amis avec qui guerroyer car la communauté de joueurs ne s’est pas améliorée et a toujours l’intellect d’un slip troué.
Il y a deux ans, Battlefield 3 avait pris un net avantage sur la série des Call of Duty mais cette année, le combat s’annonce plus acharné que jamais. Finalement, le choix entre Battlefield et Call of Duty est une question de préférence personnelle et surtout de présence ou non de vos amis sur le jeu en question car les deux gagnent énormément à être joués avec de bons amis plutôt qu’avec des inconnus.
Ma Note : 7,5/10
Call of Duty Ghosts est disponible sur PS3/Xbox 360, PS4/Xbox One et PC.