Depuis l’excellent Top Spin 4 sorti en 2011, les amateurs de tennis virtuel n’ont plus eu grand-chose à se mettre sous la dent. Pourtant, ce sport a toujours été bien représenté en jeu vidéo depuis ses débuts (pensez à Pong) et j’ai quelques souvenirs assez épiques de mes affrontements sur Master System entre autres. Bref, un bon jeu de tennis était attendu par beaucoup de joueurs.

Tennis World Tour avait pas mal d’éléments en poche pour faire la différence et nous scotcher à notre canapé puisque en plus d’être le fils spirituel de Top Spin, les moyens mis en oeuvre pour le jeu semblaient bien présents. Sauf que l’on pouvait se douter que quelque chose clochait. L’année dernière, à l’E3 2017, impossible de voir ne fut-ce qu’une petite image du jeu et puis la date de sortie est tombée un peu plus tard : le 22 Mai 2018. Voilà qui donnait l’impression d’une sortie un peu précipitée et c’est d’ailleurs là que se situe le principal défaut de Tennis World Tour…

Avant toute chose, sachez que j’ai basé mon test sur la dernière version disponible du jeu, une version qui améliore sensiblement les choses puisque le jeu ne ralentit quasiment plus jamais et que pas mal de bugs très énervants ont été résolus. C’est une version tout à fait jouable même s’il manque encore énormément des fonctionnalités promises. Par exemple, à ce jour, toujours aucune trace des matchs en double ou, plus grave, d’un mode online. Néanmoins, par rapport à la version disponible au jour de la sortie, l’amélioration est évidente.

Tennis World Tour se résume donc aujourd’hui à une expérience essentiellement solitaire concentrée sur le mode Carrière. On peut aussi réaliser un match d’exhibition ou s’essayer à une académie de tennis bien peu convaincante. Le mode carrière propose pas mal de très bonnes choses comme la nécessité de gérer son budget, l’état de sa forme ou encore de choisir son coach ou son agent. Le calendrier proposé est sans doute un peu rigide puisque sur un mois donné, on ne peut choisir qu’un seul choix à la fois : se reposer, faire un match d’exhibition, participer à un tournoi ou s’entraîner sur un domaine particulier.

De même, l’emballage de ce mode carrière est réduit à son minimum. On est bien loin d’une carrière scénarisée comme on peut en trouver dans NBA 2K ou même FIFA. On enchaîne les matches, on gagne en compétences et on améliore son classement. Seule petite fantaisie, la présence d’aptitudes spéciales sous forme de cartes que l’on peut librement activer ou désactiver. Ainsi, on peut encore un peu plus adapter son joueur à son style de jeu.

On ne peut pas dire que ce mode Carrière soit raté, il est même plutôt agréable à pratiquer mais comme le reste du jeu, il semble fini à la va-vite. Par exemple, la création de son joueur est réduit au minimum vital (10 archétypes hommes, 10 archétypes femmes) que l’on ne peut pas modifier et un système de vêtements et d’accessoires pas très passionnant, ni varié.

Au rayon du gameplay, on oscille entre le franchement bon et le grand n’importe quoi.

Tennis World Tour se présente comme le fils spirituel de Top Spin et cela se sent immédiatement. Le toucher de balle est assez réussi, les coups sont variés et l’aspect simulation s’avère assez poussé. Ainsi, on réalise très vite une erreur si l’on pousse un peu trop tandis qu’il faudra gérer le niveau d’endurance de notre joueur pour ne pas finir le match sur les genoux. L’implémentation plutôt réussie des différents coups permet même de construire sa propre stratégie au fil des échanges.

Malheureusement, ces points positifs sont contrebalancés par une série de bugs et de choix de design assez discutables. Ainsi, on se rend vite compte que notre joueur est très assisté (même en mode réaliste). Il va aller chercher des balles impossibles à retourner dans la vraie vie mais va s’arrêter net sur des balles franchement prenables. De même, l’IA perd parfois complètement les pédales. Par exemple, l’adversaire va laisser passer une balle juste à côté de lui alors qu’au coup précédent, on avait l’impression d’affronter un dieu du tennis. Même chose pour notre joueur en retour de service qui va parfois rester sans réaction ou foncer vers le filet à notre grand désespoir.

Visuellement, Tennis World Tour montre vite ses limites avec des environnements très inégaux et des joueurs modélisés sans grand talent. On sent bien qu’il fallait sortir le jeu à tout prix et que l’aspect visuel a été un peu sacrifié tout comme l’ambiance sonore, souvent trop terne tandis que les commentaires sont à désactiver au plus vite tant ils sont répétitifs et totalement inadaptés à ce qui s’affiche à l’écran.

Enfin, on regrette beaucoup que sur les 31 joueurs officiels présents, on ne retrouve que 5 femmes. On imagine bien que des problèmes de licences doivent se cacher derrière cette inégalité apparente mais cela ne confère pas à donner une bonne image à Tennis World Tour.

Conclusion

Tennis World Tour, avec son statut de successeur de Top Spin, était attendu comme le messie par les amateurs de tennis virtuel en manque de bons jeux depuis tant d’années. Cette attente rend la déception d’autant plus cruelle car Tennis World Tour, depuis ses derniers patchs, n’est pas un mauvais jeu, juste un jeu pas fini. On sent la filiation avec Top Spin et ce mélange entre arcade et simulation que l’on appréciait tant dans la licence de 2K. Le mode Carrière, même s’il apparaît un peu brut de décoffrage se défend assez bien et pourra nous occuper de nombreuses heures.

Pourtant, on sent bien que Tennis World Tour aurait mérité encore de longs mois de développement pour être juste « fini ». Pas de mode online, pas de matchs en doubles, voilà qui fait tâche. Mais surtout, les nombreux bugs de gameplay et l’emballage (tellement important pour un jeu de sport) minimaliste à l’extrême réussiront à frustrer le plus motivé des joueurs.

On attend donc avec impatience les prochains patchs et la sortie d’une version enfin finie courant 2019.

Ma Note : 6/10

Tennis World Tour est disponible sur PS4, Xbox One, PC et Nintendo Switch.

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