Lors de Japan Expo Belgium 2012, j’ai eu l’incommensurable chance de pouvoir interviewer Torû Fujisawa, le célèbre mangaka auteur de GTO, Tokkô, Rose Hip Rose… Pour ceux qui ne le connaissent pas, je vous invite à lire d’urgence ses mangas^^

L’interview s’est déroulée sous la forme d’une table ronde : nous étions quatre médias (Denshift, Japanbar, Pxlbbq et nous) et avons dû nous organiser rapidement avant la séance pour éviter de poser les mêmes questions et structurer un tant soit peu cette interview^^

Heureusement, l’ambiance était bonne et nous avons réussi à ne pas nous entre-tuer, chacun faisant des concessions, même si je n’ai pas pu poser certaines questions qui me tenaient à coeur. Je vous laisse deviner celles que j’ai réussi à caser 😉

L’interview commença de façon humoristique grâce à notre collègue de Japanbar qui utilisait un portable à la coque remplie de strass et paillettes pour enregistrer les réponses du mangaka : celui-ci a trouvé comique le décalage entre cette coque et le journaliste, qui s’empressa de préciser que ce n’était pas le sien, mais celui de sa photographe, et qui sortit alors son propre dictaphone minuscule. Le mangaka ne put s’empêcher de rire 😉

Question : Pourriez-vous vous présentez à la manière d’Onizuka ?

Torû Fujisawa : (rires) Allons-y ! Je viens du Japon, je m’appelle Torû Fujisawa. Enchanté ! (poing lévé et replié devant soi) 

Question : A quel âge avez-vous commencé à dessiner ?

Torû Fujisawa : J’ai commencé à l’école primaire. A l’époque je dessinais un peu tout : ce que je regardais à la télévision, des Mazingers, Gorenger,… Tout ce que je pouvais regarder, j’essayais juste de le redessiner… J’ai commencé vers 8-9 ans à peu près.

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Question : Pourriez-vous nous décrire une semaine typique de mangaka ?

Torû Fujisawa : Ma journée ?  Pour faire simple, je me lève en général à 9h00 et on commence à travailler vers 10h00, l’heure à laquelle mes assistants me rejoignent. (Un des assistants était présent : il se trouvait derrière nous^^).

D’abord, je travaille sur le traitement de texte pour écrire mon scénario que j’envoie ensuite à mon éditeur. Ce dernier me répond, me conseille : Ce qu’ils ont apprécié, ce qu’ils voudraient qu’on change, ce qu’ils trouvent intéressant et désireraient développer… On travaille ensemble pour faire ce que l’on estime être le plus intéressant.

Une fois l’étape du scénario terminée, on passe à celle du dessin. Tout d’abord on s’occupe du crayonné, ensuite vient l’encrage où l’on repasse les lignes au noir. Je m’occupe des personnages tandis que mes assistants s’occupent de tout ce qui touche au décor, c’est-à-dire les arrière-plans, des objets comme des chaises, des tables, mais aussi les immeubles, etc.

Le travail final consiste à tout placer par ordinateur pour récupérer les dessins des personnages et les incorporer aux décors.

Question : GTO est votre œuvre majeure, quelle fut votre inspiration pour cette série ?

Torû Fujisawa : GTO vient du désir de faire une suite à l’histoire de Young GTO (Shonan Junaï Gumi au Japon) sorti bien avant au Japon. Je voulais reprendre le personnage d’Onizuka, un loubard, et le mettre dans une situation totalement opposée à ce que l’on imaginait de lui puisque la profession d’enseignant est, je pense, respectée et respectable…

Je trouvais intéressant de mettre ainsi un ancien voyou totalement tête brulée dans cette position et de voir s’il allait pouvoir s’occuper d’élèves qui étaient comme lui dans sa jeunesse, de voir s’il allait pouvoir changer les choses.

Question : Quel type d’élève étiez-vous et de quel personnage de GTO vous rapprochez-vous le plus ?

Torû Fujisawa : Si on devait choisir un personnage, je crois que je me rapprocherais le plus de Saejima. Je n’étais pas vraiment très recommandable. Je n’allais pas en cours, je n’écoutais pas mes professeurs, je ramenais des bouquins pornos… Bref, je n’étais pas un élève très facile à avoir pour un professeur.

Question : Vous a-t-on poussé à continuer à développer GTO ou était-ce votre volonté ?

Torû Fujisawa : En fait, c’est un peu les deux. Moi aussi j’avais envie de revenir à l’univers de GTO, mais vous imaginez bien qu’il y avait également une demande des fans et de mon éditeur. Le contexte était donc propice au développement d’une nouvelle série sur GTO.

Il faut savoir qu’au début, Shonan 14-days n’était pas censé être une série mais un one-shot. Mais on a pris tellement de plaisir à replonger dans l’univers d’Onizuka que finalement cela s’est transformé en une série de neuf volumes, ce qui n’était pas prévu au départ !

Question : Onizuka est réputé pour ses grimaces. Utilisez-vous un miroir pour les reproduire ?

Torû Fujisawa : (rires) En effet, je prends mon petit miroir et je me fais mes petites expériences avec mes grimaces… Parfois mes assistants me voient et c’est un peu la honte, mais voilà !

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Question : Vous développez souvent des séries dans l’univers des yakuzas. Est-ce un fantasme d’en faire partie ou y a-t-il une histoire dans votre enfance à ce sujet ?

Torû Fujisawa : (rires) Je n’ai pas vraiment envie de devenir yakuza, mais je ne sais pas, si jamais je n’ai plus de succès en tant que mangaka, il faudra que je réfléchisse à me reconvertir.

Question : Le système éducatif est souvent mis à mal dans vos mangas, on y voit ainsi souvent des professeurs impuissants face aux élèves et aux parents. Est-ce l’une de vos préoccupations ? Pensez-vous que les méthodes d’Onizuka soient la solution ?

Torû Fujisawa : Les sujets que j’aborde dans GTO sont des sujets qui étaient d’actualité à l’époque où je l’écrivais et qui pour certains sont toujours des problèmes dans l’éducation au Japon. Certains sont des sujets très importants, très basiques, qui sont souvent abordés dans les médias.

Je pense qu’écrire ce manga a eu une influence sur les jeunes qui ont voulu devenir professeurs, s’inspirer d’Onizuka et donc changer les choses. Ce n’est peut-être pas la solution, mais au moins une solution aux problèmes que peuvent rencontrer les jeunes.

Question : Avec l’avènement des Smartphones et autres technologies tactiles, la dématérialisation a connu un bon en avant. Qu’en pensez-vous ?

Torû Fujisawa : Le marché dématérialisé existe au Japon mais a peut-être un peu de retard par rapport à l’Occident.

Ce qui est intéressant est de permettre l’accès à la culture en même temps, qu’il n’y ait plus ce décalage temporel entre la publication papier et l’arrivée sur d’autres continents. C’est le point le plus intéressant de ce nouveau média.

Question : GTO est revenu sur le devant de la scène grâce au drama live de 2012 qui s’est récemment achevé ? Qu’en avez-vous pensé ?

Torû Fujisawa : Il s’agit d’un reboot de la série live de GTO. Le rôle principal a été confié à Akira du groupe Exile. Celui-ci a d’ailleurs avoué être un grand fan dans sa jeunesse des deux séries Young GTO et GTO. 

 La première série avait été très populaire au Japon mais là je trouvais qu’Akira avait vraiment fait un effort au niveau de la coupe de cheveux : il se les était teints et il ressemblait vraiment au manga original et cette série m’a donc beaucoup plu.

Question : Aviez-vous un regard sur le casting et le scénario ?

Torû Fujisawa : En effet, on m’a demandé mon avis pour le casting, en tout cas pour le personnage principal et les principaux personnages secondaires, et pour le scénario. Je voulais absolument que le sous-directeur Uchiyamada soit chauve, ce qui n’était pas le cas dans la première série, et là, ils m’ont fait plaisir et ont choisi un acteur chauve.

Question : Écoutez-vous de la musique pendant que vous travaillez ?

Torû Fujisawa : Quand je travaille, c’est assez fatigant, j’aime donc bien écouter des groupes féminins : les douces voix des jeunes filles me permettent de me reposer et de soigner ma fatigue. 

Question : Si vous deviez caractériser GTO pour un groupe, lequel serait-il ?

Torû Fujisawa : (ne se rappelle plus du nom du groupe et demande de l’aide à son assistant et son éditeur présents dans la salle) Pourquoi pas Daft Punk. C’est un groupe qui irait bien.

Question : Dans vos mangas, les filles sont souvent plus mauvaises, cruelles que les garçons, ainsi Onizuka est souvent leur souffre-douleur. Est-ce un ressort comique ou un message à faire passer ?

Torû Fujisawa : (rires) Non, il n’y a pas de message particulier, mais comme Onizuka a un faible pour la gente féminine, il est évident que ce sont ces personnages qui vont essayer de l’entourlouper, de tirer parti de lui et qui vont le mener par le bout de la b(r)aguette. Mais non, c’est bien un ressort pour créer des histoires : il n’y a pas de message caché.

 Question : Pensez-vous qu’un auteur occidental puisse devenir mangaka ? Quels seraient les critères pour en devenir un ?

Torû Fujisawa : Je pense qu’il est possible de devenir mangaka même si l’on est européen ou américain. Par contre, il est vrai que la façon d’exprimer les choses est assez différente dans le manga et dans la BD.

Dans une case de BD, j’ai remarqué qu’on mettait beaucoup plus de textes, d’explications, parfois plus complexes, alors que le manga a un style plus cinématographique, plus rapide, avec en général une bulle par case : on avance très très vite.

Donc je pense que si l’on parvient à attraper cette essence, cette vitesse, ce style si particulier du manga, il est possible d’avoir du succès au Japon en tant que dessinateur occidental.

Question : Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Yûji Kobayashi sur le film Space Sheriff Gavan (X-Or) ?

Torû Fujisawa : Cet automne sortira au Japon un nouveau film de Space Sheriff Gavan. Je travaille avec Monsieur Kobayashi qui s’occupe du scénario tandis que je m’occupe plus du découpage et du story-board. Vous pourrez retrouver une version manga du film qui sortira en même temps que ce dernier. Les six premiers chapitres du manga seront disponibles gratuitement sur internet, alors jetez-y un œil.

Question : Allez-vous être l’auteur de ce manga ?

Torû Fujisawa : Non, quelqu’un d’autre va le dessiner. Je m’occupe juste des préparatifs, à savoir le story-board et les préparations en amont.

Question : Vous travaillez actuellement sur de nouveaux spin-off de GTO, notamment GT-R ou Ino-Head Gargoyle. N’avez-vous pas peur d’épuiser votre licence et de perdre votre lectorat ?

Torû Fujisawa : (rires) Oui, il est possible que certains soient déçus de ne pas avoir une suite directe de GTO mais en tout cas Ino-Head Gargoyle, qui est publié au Japon, connaît beaucoup de succès. C’est un manga très drôle et les lecteurs sont ravis. Mon éditeur, qui est ici, pourra vous en confirmer le succès au Japon.

  Question : Quels sont vos projets futurs ?

Torû Fujisawa : Pour l’instant mon activité principale se porte sur Ino-head Gargoyle. Pour raisons personnelles et par manque de temps, GT-R va maintenant passer en publication mensuelle, mais la série va continuer. 

Après, je travaille aussi sur une possible suite à Tokkô : c’est un projet sur lequel je suis penchée en ce moment. Il y a également un spin-off de Reverend-D en cours au Japon.

Enfin, j’espère pouvoir me pencher sur la suite de l’histoire principale de GTO d’ici un an, voire deux, maximum.

Question : Vos nouvelles séries vont-elles se voir adaptées en animés ?

Torû Fujisawa : Il faut demander à Monsieur (en désignant son éditeur) : c’est lui qui est au courant (rires).  Il fera de son mieux. Mais Ino-Head Gargoyle est un peu trop porté sur la gente féminine, ce sera difficile ! (rires)

Question : Merci !

Nous tenons également à remercier les organisateurs de Japan Expo Belgium de nous avoir permis de réaliser cette interview !

Mon seul regret est de ne pas avoir pu obtenir une dédicace de Torû Fujisawa, celui-ci n’ayant malheureusement pas le temps 🙁

9 commentaires sur “[Interview] Torû Fujisawa : l’auteur de GTO se confie et nous parle de ses projets futurs

  1. cela fait deja deux ans et toujours rien bon maintenant c est vrai que generalement sa prend du retard mais bon s’est vrai que une suite serai bien car le trou entre l episode 41 et l episode 43 dans l amine rend dommage ce manga qui etais super bien pour moi je trouve que s etait bâclage de GTO

  2. Hey, ce billet est vraiment intéressant. Je le met directement dans mes bookmarks.

  3. Je pense que GTO n’est pas finie mais sa prends enormemant de temps un manga garder espoir 😀

  4. bonjour monsieur Tōru Fujisawa je voudrais savoir s’il y aura la suite de gto car la saison une étais génial même impressionnante si vous pourrais me répondre au plus vite je vous remercie d’avance . je l’attend avec impatience.

  5. Bonjour monsieur TORÛ FUJISAWA JE VOUDRAIS D ABORD VOUS FÉLICITER POUR CE SUPER MANGA GTO QUI MA BEAUCOUP PLU JE SUIS TOMBER À CROC DE CE MANGA JE REGARDE TOUS LES ÉPISODES EN BOUCLES . JE VOUDRAIS SAVOIR S’il y aura la suite de GTO CAR JE SUIS IMPATIENT DE VOIR LA SUITE DE VOTRE CHEF D ´OEUVRE .MERCI POUR CET EXCELLENT MANGA.

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