Life is Strange True Colors est le dernier né de la célèbre licence narrative de DontNod même si pour cet épisode, c’est le studio Deck Nine qui prend les rennes de la réalisation. Ca tombe bien, ils étaient déjà derrière la préquel Beyond the Storm qui reste à ce jour mon épisode favori de la série. Voyons si les américains réitèrent leur succès précédent.
Une chose est certaine avec la série Life is Strange, les auteurs ont toujours réussi à comprendre la psychologie adolescente et les traumas d’une jeunesse parfois déboussolée. Que ce soit la dualité amitié/amour accompagnée d’un deuil impossible avec Life is Strange et sa préquel Beyond the Storm ou l’importance de la fratrie avec Life is Strange 2, cette série a toujours réussi à m’émouvoir plus que ce que je le voulais.
Alors oui, étant fils unique, l’histoire des frères Diaz m’aura nettement moins touché que celle de Max, Chloe et Rachel, des personnages auxquels je me suis facilement identifié. Pas que je puisse comprendre les émois d’une jeune adolescente mais l’absence d’un père restera toujours un sujet que je comprendrai et que DontNod d’abord et Deck Nine ensuite ont parfaitement réussi à transcrire.
Et True Colors dans tout ça…
Dans ce nouvel épisode, Deck Nine a clairement bénéficié d’une grande liberté narrative et de gameplay en proposant un nouvel univers à la licence mais aussi un gameplay totalement repensé et cela marche magnifiquement bien.
Dans True Colors, la licence revient à ses premières amours en nous faisant incarner une jeune fille un peu paumée en la personne d’Alex Chen. Malgré son jeune âge, elle aura déjà connu son lot de trauma ballotée de famille d’accueil en centres spécialisés mais sa vie s’apprête à enfin retrouver un côté positif puisqu’elle retrouve son frère dans la petite ville sans histoires de Haven Springs. Mais bien évidemment, une nouvelle mort va vite venir ternir son quotidien.
Et parce que Life is Strange ne serait pas Life is Strange sans un petit ressort surnaturel, Alex souffre d’une empathie extrême aux sentiments de son entourage. Ainsi les émotions des gens qu’elle côtoie perlent littéralement en elle, prenant vite le dessus sur ses propres sentiments. Très rapidement dans le jeu, on se trouve ainsi pris d’une rage folle simplement parce qu’un autre personnage est en colère. Mais cette recette est également appliquée à bien d’autres sentiments, transformant le déroulement de nos rencontres bien malgré nous.
En dehors de ce petit twist, le gameplay de True Colors est assez similaire à ce que les précédents jeux nous ont offerts : un jeu narratif offrant une liberté toute relative et proposant quelques décisions clés pour orienter la suite de notre aventure.
Une direction artistique toujours de qualité
Comme c’est l’habitude dans la série Life is Strange, True Colors nous propose de découvrir un environnement plein d’âme et de profondeur. Techniquement, personne ne sera impressionné par le jeu et ses textures parfois un peu baveuse mais ce n’est jamais là que s’est situé l’intérêt de Life is Strange. A l’opposé, l’ambiance qu’offre la découverte de Haven Springs est toujours aussi unique avec ce mélange de nostalgie et d’intimisme qui a toujours fait la force de la série.
Néanmoins, reproduire la formule gagnante de la relation exceptionnelle de Max, Chloe et Rachel n’est pas chose aisée et même si j’ai ressenti bien plus d’émotion dans True Colors que dans Life is Strange 2, on sent que la narration et l’originalité des évènements contés commencent à se répéter un peu et perdent de leur force d’impact.
Grosse nouveauté quand même, le jeu est intégralement doublé en français et même moi qui suit allergiques aux VF, je ne peux que reconnaitre la grande qualité des doublages français. Un véritable plaisir de retrouver des doubleurs de premier plan comme Geneviève Doang (Ciri dans The Witcher 3 ou encore D.Va dans Overwatch) ou Adeline Chetail (Ellie dans The Last of Us). Un travail de doublage fantastique qui se place largement à la hauteur des voix anglaises originales.
Et comme toujours la musique occupe une place centrale dans un jeu où donner de l’émotion (et de l’empathie justement) au joueur reste fondamental. Deck Nine mélange ici musique originales et morceaux sous licence avec un certain brio même si le mode « spécial streamer » s’est avéré très décevant pour moi. C’est super de proposer un module d’interaction avec les viewers et de partager ensemble l’aventure mais si, en contrepartie, toutes les musiques sous licence sont simplement supprimées du jeu sans être remplacée par un équivalent libre de droit, cela ruine un peu l’expérience. Un bel effort qui sera sans doute retravaillé pour le prochain jeu de la série.
Et pour finir, le fait que la série abandonne enfin son format épisodique est un véritable bonheur pour se plonger d’une traite dans une histoire qui reste d’une excellent qualité.
Conclusion
Life is Strange True Colors est un nouvel épisode très réussi da la licence Life is Strange. La formule se renouvelle légèrement et on s’attache très vite à l’apparente fragilité d’Alex, notre nouvelle héroïne. Encore une fois, Deck Nine réussit à comprendre les difficultés de la vie adolescente remplie de traumas et de plaies ouvertes. Cette licence réussit tellement bien cette tâche qu’elle mériterait d’être jouée par tous les adolescents en proie aux questionnement de cet âge. Dans tous les cas, voilà une nouvelle excellente aventure pour la série Life is Strange et pour les amateurs de jeux narratifs.