Lorsque j’étais jeune, trouver un manga relevait du parcours du combattant. Seules quelques boutiques spécialisées les vendaient et le nombre de titres traduits en français se comptait sur les doigts d’une main. De nos jours, cela a bien changé : on croule sous les éditions et chaque mois de nouvelles séries pointent le bout de leur nez ! Au point que savoir quel titre choisir peut se révéler assez compliqué vu qu’on ne peut pas tout lire ou acheter.
C’est ainsi que l’on peut passer à côté de titres vraiment sympathiques mais qui, sur le coup, ne nous disait pas grand-chose. Je dois avouer que ce fut le cas pour Gate – au-delà de la porte des éditions Ototo : à première vue, il ne m’emballait pas trop mais j’ai a présent eu l’occasion de le découvrir et ai révisé mon jugement. Mes impressions sur cette bonne surprise dans la suite…
Gate – au-delà de la porte est un manga de Yanai Takumi (scénario) et Sao Satoru (dessins). Les prémisses sont assez classiques : une porte sur un autre monde s’ouvre en plein Tokyo et une horde de soldats et de créatures que l’on croirait tout droit sortie d’un roman de « Fantasy » déferle sur les habitants de la ville. Cependant, cette attaque est vite repoussée et c’est au tour des japonais d’aller découvrir ce nouveau monde.
En général, ce genre d’histoire suit le point de vue des personnages qui découvrent un univers inconnu. Ici, c’est différent : tous les points de vue sont exploités pour nous permettre de mieux comprendre ce monde inconnu ainsi que les intentions des protagonistes. On découvre ainsi mieux les réactions et les pensées des personnages face à ces nouveaux venus ou face à cette nouvelle contrée.
Cela est d’autant plus intéressant que l’on s’attend à un affrontement sur un pied d’égalité : après tout, lorsque l’on attaque quelqu’un, c’est parce qu’on pense gagner, donc on s’imagine que le monde « Fantasy » va mettre en oeuvre toute une armée à grands renforts de magie, de monstres et de dragons qui rivalisera avec nos technologies modernes. Or, encore une fois, les auteurs nous prennent à revers : il devient vite évident que les Forces d’Auto-Défense Japonaises ont un clair ascendant.
Ces dernières nous surprennent en aidant les habitants de ce pays envahisseur. On penserait qu’un désir de vengeance les encouragerait à prendre avantage de leur supériorité et ainsi piller ce pays plein de ressources, mais non. Au contraire, ces soldats n’hésitent pas à aider les habitants d’un village à fuir un dragon au péril de leurs vies…
Gate s’ingénue à nous prendre à contre pied.
En plus de cela, ce manga offre également une dimension politique intéressante, tant du point de vue de notre monde (quelles sont les réactions des diverses puissances face à l’apparition de cette porte) que de du monde de l’autre côté de la porte.
La galerie de personnages s’avère elle aussi très sympathique. L’un des personnages principaux, le lieutenant Itami, a tout de l’anti-héros : otaku confirmé, il cherche la facilité mais se voit promu grâce à sa réaction lors de l’attaque de la porte.
Les héroïnes sont assez décalées : entre la princesse guerrière, l’elfe, l’apprentie mage ou encore l’apôtre du dieu de la mort qui ressemble à une ado au style de gothique Lolita alors qu’elle a plus de 900 ans, on sent une volonté de répondre à des thèmes classiques de la « Fantasy », tout en les détournant et en profitant pour faire un peu de fan service (surtout à partir du tome 2).
Car l’humour joue un rôle important dans ce manga et apporte une touche de légèreté qui vient contrebalancer certaines scènes parfois très dures et violentes. On assiste ainsi parfois à des massacres en décalage avec les scènes d’humour ou de fan service, mais l’équilibre reste constant tout au long de la lecture.
Conclusion
Gate – au-delà de la porte m’a agréablement surprise. Son intrigue, ses personnages attachants, son humour mais aussi son sérieux permet d’obtenir un ensemble riche et intelligent qui donne envie de continuer la lecture.
Les trois premiers tomes sont déjà disponibles en magasin. Le 4ème est prévu pour le 10 Novembre, tandis qu’au Japon, on compte déjà 9 volumes.
Vous pouvez également en lire un extrait ICI.
Droits des visuels : © TAKUMI YANAI・SATORU SAO・AlphaPolis