Alien est une licence difficile à adapter et rares sont les développeurs à ne pas s’être cassés les dents sur l’une des créatures les plus mythiques de la Science-Fiction. Voilà qui rendait le travail de The Creative Assembly (plutôt des spécialistes du jeu PC avec la série des Total War) particulièrement risqué. Et le résultat final est juste grandiose…
Quand nous avons découvert que c’était The Creative Assembly qui réalisait cette nouvelle adaptation d’Alien, beaucoup ont froncé les sourcils. Comment un studio qui épuise la même licence Total War depuis une décennie serait capable de traiter correctement la licence Alien ? On commençait déjà à craindre un Total War : Battle for Nostromo…
Et puis, les premiers trailers sont apparus : beaux, sombres, bourrés d’angoisse et tous les fans du monde entier se sont mis à espérer. Lors de mon essai à l’E3 cette année, ce fut encore pire puisque j’ai pu jouer à l’une des démos les plus stressantes de l’année (le même jour que mon essai de The Evil Within qui plus est). Me faisant même craindre un jeu trop difficile, trop angoissant pour le commun des mortels. Au final, The Creative Assembly a juste signé le plus bel hommage à Alien qui soit.
La peur, mais quelle peur ?
Moment de confidence : « Je m’appelle Quantic et je suis un émotif doublé d’un trouillard chronique ». Tous en coeur : « Bonjour Quantic ». Demandez à Aelya si vous ne me croyez pas mais je suis du genre très émotif. L’intro de The Last of Us m’a fait pleurer comme une madeleine, The Walking Dead m’a traumatisé à vie. Et pour couronner le tout, je sursaute comme un imbécile au moindre « jump scare » du dernier nanar d’horreur. Vous imaginez donc qu’un jeu comme Alien Isolation n’a pas été une sinécure à tester.
Car dans ce jeu, tout est conçu pour vous mettre la pétoche de votre vie. Des lumières qui s’allument subitement, l’Alien qui sort brutalement d’un conduit, une respiration acre qui souffle dans votre dos, tout est fait pour me stresser et me forcer à ranger le Blu-Ray dans sa boite tout en sanglotant et en maudissant Sega d’avoir produit un tel jeu. Et pourtant, a chaque fois, j’y retournais. N’est-ce pas là, la signature des grands jeux ?
Le scénario est la première raison de satisfaction pour tout fan de la trilogie (car le navet de Jean-Pierre Jeunet n’existera jamais pour moi). Plutôt que de conter la guerre entre les Space Marines et les xénomorphes, mis en scène dans quasi la totalité des adaptations en jeu-vidéo de la licence Alien, les développeurs ont choisi de revenir aux sources et à l’ambiance unique du premier film.
Ainsi, dans Alien Isolation, on incarne Amanda Ripley, la fille d’Ellen Ripley. 15 ans après la disparition de notre mère et du Nostromo, un employé de la méga corporation Weyland-Yutani nous propose de partir à sa recherche sur la station Sevastopol où l’enregistreur de vol du Nostromo a été retrouvé.
Avouez que cela sent mauvais mais Amanda a vécu la disparition de sa mère comme un véritable traumatisme et décide de partir. Malheureusement, une fois sur place, elle se retrouve séparée de ses équipiers et abandonnée à elle-même dans une station en ruines remplie de survivants un peu agressifs, d’androïdes sans émotions et d’un Alien, plus prédateur que jamais.
Le scénario peut paraître un peu léger et je dois avouer qu’il y a des longueurs dans les 19 missions qui constituent Alien Isolation. Mais dans l’ensemble, l’histoire est quand même bien racontée et surtout assez fidèle à la saga Alien, ce qui reste encore le principal. J’ai particulièrement apprécié le rythme souvent très lent de notre progression. Par exemple, on met pas mal de temps avant de croiser l’alien pour la première fois. Et même si l’action prend sans doute un peu trop d’importance en milieu de scénario, on retrouve dans les dernières missions un rythme plus posé et plus fidèle à l’objectif des développeurs de nous faire jouer le rôle de la proie.
Mais ce qu’il faut retenir d’Alien Isolation, c’est le soin apporté à la direction artistique. Certains niveaux sont bien sûr un peu moins fidèles au matériau d’origine ou modélisés parfois à la va-vite mais quel bonheur de retrouver le style visuel des films : de gros écrans cathodiques, de longs couloirs remplis de tuyaux qui fuient, … On a vraiment l’impression d’être un acteur dans la saga Alien. C’est quand même un peu le rêve de tout fan de notre Alien préféré.
Un gameplay d’infiltration pas toujours au top.
Avec comme objectif de nous mettre dans la peau de la proie d’un Alien prédateur, difficile d’imaginer un autre gameplay que celui de l’infiltration. Il faudra donc un minimum apprécier ce style de jeu. Et c’est peut-être à ce niveau qu’Alien Isolation pêche le plus. Il essaie un peu trop de donner au joueur l’illusion que ses actions lui permettront de survivre (ou alors, c’est voulu pour encore plus nous mettre dans la peau d’une Ripley impuissante). Ainsi, on nous donne des armes, on ramasse du matériel, on assemble des medikits, des grenades, etc, alors qu’une rencontre avec l’Alien sera létale à 100% quel que soit notre équipement ou presque.
Finalement, ce matériel nous aidera surtout dans notre progression et dans nos rencontre face aux autres humains ou associés, légèrement agressifs. L’Alien de son côté, bénéficie d’un comportement 100% non-scripté d’après les développeurs. Ce n’est pas tout à fait vrai car pour des raisons de mise en scène, et surtout pour nous donner la frousse de notre vie, les apparitions de l’Alien sont souvent scriptées. Par contre, une fois la star en place, il est vrai que l’on peut choisir différentes routes pour rejoindre notre objectif et que l’Alien réagira en fonction du bruit que l’on génère. Ainsi, courir est peut-être la pire chose à faire puisque cela attire systématiquement l’attention de notre copain xénomorphe.
On essaie donc de trouver des stratégies pour se glisser entre les adversaires humains et l’Alien qui nous pourchasse en utilisant à bon escient les générateurs de bruit pour détourner l’attention de l’Alien ou pour lui proposer de casser la croûte avec les autres humains comme petit-déjeuner. Généralement, le comportement de l’Alien est assez réussi puisqu’il se montre assez imprévisible. Regrettons quand même quelques incohérences dans son comportement qui rend le jeu parfois un peu frustrant.
Tant qu’à parler de la frustration, insistons aussi sur le côté essai-erreur du gameplay qui nous forcera à un grand nombre de reload parce que définitivement, non, attaquer l’Alien à la clé à molette n’est pas une solution. Et vu le positionnement des sauvegardes manuelles, il y a de quoi se sentir frustré. On aurait aimé avoir un point de sauvegarde automatique après chaque action importante plutôt que de devoir parfois refaire beaucoup de chemin pour retourner à l’endroit où l’on bloque ou au contraire devoir choisir entre chercher un point de sauvegarde ou continuer la mission en prenant le risque de croiser l’Alien derrière le coin du couloir prochain.
Enfin, techniquement parlant, Alien Isolation se défend assez bien avec quelques visuels franchement iconiques pour la licence (mais il ne faut pas trop spoiler ici). Dommage que les niveaux soient assez inconstants : certains sont splendides, d’autres juste passables. Un dernier point positif pour la gestion du son qui reste notre meilleur allié. Souvent, l’Alien se trahit par son bruit et m’a permis de sauver quelques situations désespérées en me cachant au dernier moment alors que je ne l‘avais même pas encore vu.
Conclusion
Alien Isolation est sans aucun doute la meilleure adaptation de la saga Alien en jeu-vidéo. Elle n’est pas exempte de défauts, particulièrement en ce qui concerne le comportement parfois erratique de l’Alien ou de nos ennemis et quelques scripts parfois un peu « téléphonés ».
Mais ce sont des défauts que les vrais fans d’Alien peuvent oublier bien vite car le vrai plaisir d’Alien Isolation, c’est celui de nous mettre dans les chaussures de Ripley (même si c’est seulement la fille d’Ellen), dans les chaussures d’une proie, à la merci d’un xénomorphe sans pitié.
Les fans de la saga Alien peuvent se ruer dessus sans l’ombre d’une hésitation, de même que les amateurs de jeux d’infiltration bien construits. Bref, une grande réussite.
Ma Note : 8,5/10
Alien Isolation est disponible sur PS4, Xbox One, PS3, Xbox 360 et PC