A mes yeux, Alien est une licence mythique. J’ai vu le premier film quand j’étais jeune ado et en suis resté traumatisé… La série fut d’ailleurs pour beaucoup dans ma passion pour la SF. Cette licence occupe donc une place de choix dans mon cœur de cinéphile et d’amateur de SF. Aussi quand j’ai appris qu’Aliens Colonial Marines se présentait comme la suite directe d’Aliens (le second film) et qu’en plus c’était Gearbox, les papas des fabuleux Borderlands qui étaient aux commandes, mon excitation était à son comble.
Et pour ne rien arranger, la preview que j’ai faite lors de la Gamescom 2011 m’avait laissé une excellente impression. Pour la première fois dans un jeu tiré de la licence, je ressentais les mêmes émotions qu’au cinéma. Autant vous dire que ma déception a été à la hauteur de mon excitation initiale car même si tout n’est pas à jeter dans ce titre, il reste extrêmement médiocre.
Aliens Colonial Marines, une belle histoire qui se termine mal
Oui, il y avait des indices qui pouvaient laisser craindre le pire. Au hasard, le nombre de sous-traitants différents qui apparaissent avant l’écran Titre, les reports incessants et la menace de Sega de casser le contrat si le jeu ne finissait pas par enfin sortir. Mais comment un jeu si prometteur à l’origine a pu se rater de la sorte ?
Le scénario est à l’image du titre dans son ensemble : plein de bonnes intentions mais complètement à côté de son objectif. Ainsi, nous faisons partie de l’équipage de l’USS Sephora (et non, on ne vend pas de maquillage), envoyé à la rescousse de l’USS Sulaco à l’abandon près de LV-426. On reprend donc le jeu quelques semaines après la fin d’Aliens même si les scénaristes ont dû trouver une sacrée pirouette pour expliquer comment l’USS Sulaco a fait pour revenir dans l’orbite de LV-426 (ceux qui ont vu Alien 3 comprendront).
La suite, c’est du classique, on part en mission d’exploration à bord de l’USS Sulaco, bien entendu infesté d’Aliens mais aussi de mercenaires à la solde de la mega corporation Weyland-Yutani, qui rêve toujours de transformer les aliens en arme ultime. Après quelques niveaux spatiaux, on débarque rapidement dans l’ancienne colonie dévastée à la fin d’Aliens par l’explosion des processeurs atmosphériques et là, rebelote, plein d’aliens et de mercenaires qui nous sautent dessus.
Bref, un scénario prometteur au départ mais qui devient très vite brouillon avant de partir sur une voie qui ne passionnera même pas les fans hardcore et qui se termine sur l’une des fins les plus ridicules qu’il m’ait été donné de voir dans un jeu vidéo depuis très longtemps.
Pourtant, l’ambiance d’Aliens est là et c’est peut-être le seul point positif à retenir. Le fan va reconnaitre des endroits clés du film (la soute du Sulaco avec les restes de la bataille finale entre Ripley et la reine Alien, le centre de la colonie, les automitrailleuses, …) et on profite aussi de la musique et des bruitages d’origine du film. Ainsi, je ne me suis jamais lassé du bruit typique du Pulse Rifle. Bref, l’amateur d’Aliens que je suis a retrouvé l’ambiance du film et c’est déjà pas si mal.
Un jeu très réussi s’il était sorti 15 ans plus tôt…
Vous vous souvenez sans doute du flot de critiques que Gearbox a reçu suite au très moyen Duke Nukem Forever. A l’époque, le titre était considéré comme dépassé à tous points de vue mais personnellement, j’avais encore apprécié ce gameplay oldie car l’ambiance du Duke était toujours bien là. En plus, Gearbox avait racheté la licence quelques mois seulement auparavant.
Difficile donc de les accuser de tous les maux mais pour Aliens Colonial Marines, ils ont réussi à se planter tout seuls comme des grands. Alors oui, le gameplay est ultra-linéaire et est constitué à 95% de couloirs étroits, oui, l’IA des ennemis est calamiteuse (même si celle des aliens est un peu meilleure) mais ce n’est rien comparé à l’IA de ses propres équipiers. Il faut dire que mettre 2 IA et un joueur dans des couloirs étroits, ce n’était pas forcément l’idée du siècle.
Néanmoins, les anciens fanas de FPS retrouveront leurs marques car on a l’impression d’être revenu début des années 2000 avec l’obligation de se baisser pour ramasser quoi que ce soit et avec des armes qui donnent toutes dans le très mou. La preuve, le shotgun est surpuissant.
Techniquement, le jeu est également complètement dépassé. A croire qu’il a été codé au siècle dernier. On peine à garder de la fluidité alors même que ce que l’on voit à l’écran n’a rien d’exceptionnel. C’est déjà frappant sur une version console mais autant dire que le voir tourner sur PC donne l’impression d’avoir rajeuni de 15 ans. Et malheureusement, les choix artistiques ne réussissent même pas à compenser la faiblesse technique. Les couleurs vont du noir profond au marron épais et quand les développeurs veulent mettre un peu de couleur, ils choisissent un charmant jaune vif dont la texture bave avec horreur sur le reste du décor.
Un multi prometteur mais mal dégrossi
Comme dans tous les jeux de la licence Alien, le multi propose des choses assez sympathiques. Ainsi, il est possible de refaire toute la campagne en multi que ce soit en ligne ou en split screen, ce qui par les temps qui court fait plutôt plaisir.
Au niveau compétitif, on peut bien entendu incarner soit un marine et retrouver tout l’arsenal du solo, soit un alien et apprendre sur le tas la meilleure méthode pour enfoncer sa double mâchoire dans le crane de son prochain.
Du côté des marines, le gameplay est, on ne peut plus classique. On retiendra juste certains modes de jeu qui forcent à la coordination et au travail d’équipe qui me sont apparus comme assez agréables à jouer. Par contre, côté Aliens, ce n’est pas folichon. Les aliens voient à travers les murs et peuvent se camoufler pour sauter sur leurs proies inconscientes du danger mais la courbe d’apprentissage est assez ardue et en découragera plus d’un. Pour autant, ce multi, malgré son manque d’originalité et sa technique tout aussi limitée que le solo, m’est apparu comme plus réussi. En tout cas, rien de pire que ce que l’on trouve dans tous les FPS génériques du moment.
Conclusion
Aliens Colonial Marines est peut-être le ratage de 2013. Alors que la licence aurait pu nous donner un jeu inoubliable, Gearbox s’est pris les pieds dans le tapis, alors qu’on sait qu’ils sont capables du meilleur avec Borderlands.
Le solo s’avère court, totalement décousu tout en proposant un gameplay de FPS qui a passé sa date de péremption depuis longtemps. Si l’on rajoute que techniquement, le titre est indigne de nos consoles vieillissantes, que reste-t-il à sauver de ce naufrage ?
Certains répondront : le scénario. Pour ma part, je me limiterai à dire : l’ambiance. Le jeu étant constitué à 95% de couloirs étroits, on se sent réellement oppressés tandis qu’on entend un alien cracher à proximité tout en ne le découvrant qu’au dernier moment. Le fan de la licence y trouvera aussi son compte puisque l’on visite bon nombre de lieux cultes.
Enfin, reconnaissons que le multi réussit mieux son examen que le solo et ce même si ce n’est certainement pas le titre qui vous fera plonger des centaines d’heures dans son multi.
Mais quel dommage qu’une licence aussi réussie donne encore une fois naissance à un titre aussi décevant.
Ma Note : 4/10