Voilà quelques années que l’agent 47 n’avait plus donné de ses nouvelles. Lui, l’assassin original dont le crane luisant brille au soleil de mille feux (les capuches, c’est pour les amateurs) fait enfin son retour. Il faut dire que les petits danois de IO Interactive s’étaient un peu perdus en cours de route sur le chemin chaotique de l’action avec un Kane & Lynch pas vraiment inoubliable.
Mais cette fois, ça y est, le costume noir est bien repassé, la cravate rouge est bien ajustée et la corde à piano est bien accordée, l’agent 47 s’apprête à frapper.
Quand l’agent 47 découvre la modernité.
Ce qui marque le plus après avoir passé une bonne vingtaine d’heures en sa compagnie, c’est que l’agent 47 a subi une sacrée cure de jouvence. Hitman se modernise à tous point de vue pour le meilleur mais aussi pour le moins bon.
S’il y a bien un point qui change drastiquement dans ce nouvel épisode, c’est la construction de l’histoire. Là où les précédents épisodes proposaient une histoire vite fait bien fait pour donner un peu de liant aux différentes missions, Absolution nous raconte une vraie histoire. Et ça commence fort puisque dès le prologue (qui sert aussi de tutorial), on découvre que notre cible est Diane Underwood, notre contact à l’Agence et finalement quasiment notre seule relation sociale dans ce bas-monde. Cette dernière a trahi l’agence et c’est à vous que l’on demande de lui régler son compte. Bien évidemment, Diane n’est pas la sombre traitresse annoncée et elle confie à l’Agent 47 le soin de protéger Victoria, une jeune fille aux pouvoirs inquiétants.
Entre chaque mission du solo (une vingtaine au total), de superbes cinématiques nous racontent donc la destinée de l’agent 47 et de Victoria. Dommage quand même que le scénario reste cousu de fil blanc et que les cinématiques soient aussi bavardes. Mais ne gâchons pas notre plaisir, j’ai adoré suivre les aventures de l’agent 47 dans un scénario plus en accord avec son époque.
Le moteur graphique Glacier 2 flambant neuf nous en jette plein les yeux tout comme l’ensemble de la technique qui supporte ce jeu. Sur PC, le moteur graphique montre toute sa puissance tandis que sur console, la qualité reste excellente. Je pense même que Hitman Absolution est l’un des plus beaux jeux vus sur console en 2012. L’ambiance sonore et surtout musicale est également à la hauteur avec une musique qui accompagne notre parcours mieux que jamais.
Un gameplay qui divisera les fans
Au niveau du gameplay, l’habitué de Hitman va devoir se faire aux nombreux changements. Il faut dire que jusqu’ici, Hitman était surtout connu pour son gameplay ultra hardcore avec très peu d’aides et dont la mission type était de vous débarquer à poil dans un coin de map avec une ou plusieurs cibles à exécuter à l’autre bout et une bonne centaine de gardes entre les deux… A vous de vous débrouiller pour tuer votre cible et vous enfuir sans déclencher d’alarme. Hitman, en plus de jouer à fond la carte de l’infiltration était donc aussi un vrai casse-tête.
Un gameplay ambitieux et passionnant pour le fan mais pas forcément en adéquation avec son époque. La mode actuelle étant plutôt de se creuser la tête pour proposer aux joueurs un mode super easy. Hitman suit donc le mouvement tout en respectant ses fans. Ainsi, les deux modes de difficulté normale s’adressent avant tout aux joueurs occasionnels ou ceux qui ne connaissent pas la licence. Les aides trop nombreuses et l’IA un peu idiote gâcheront vite le plaisir des habitués. Ceux-ci se rabattront avec bonheur sur les trois niveaux de difficulté du mode professionnel et particulièrement le mode Pure (qui ne propose aucune aide en dehors du pointeur). Ce mode est tellement complexe que je mets quiconque au défi de terminer le jeu dans ce niveau de difficulté sans avoir auparavant fait le jeu dans un niveau de difficulté inférieur. Tâche quasiment impossible.
Mais parlons un peu de ces fameuses aides. Il y a principalement deux nouveautés :
– Une mini-map dans le coin inférieur gauche qui affiche l’environnement proche de l’agent 47 de manière un peu trop complète. On peut ainsi observer les rondes des gardes et même la direction de leur regard. Idéal pour planifier une infiltration un peu chaude. Cette mini-map remplace d’ailleurs complètement l’ancienne map globale du niveau qui passe à la trappe.
– Le mode instinct. Ce mode ambitionne de nous faire comprendre ce qui différencie un assassin génétiquement modifié du commun des mortels et permet par exemple de repérer les ennemis à travers les murs, d’identifier les cibles ou les personnes d’intérêts, de mettre en avant les objets utilisables ou les éléments du décor interactifs. Mais il permet aussi de se camoufler au regard des autres lorsque l’on porte un déguisement ou encore de déclencher une tuerie en règle à l‘aide d’un super ralenti. Si ce mode est ultra présent dans les niveaux de difficulté les plus bas, il disparait petit à petit en augmentant le niveau de difficulté pour finalement ne plus être utilisable que quelques secondes par niveaux.
De nombreux fans de la première heure se sont élevés contre ces aides soi-disant contre nature. Pour ma part, je serai plus nuancé. Oui, en difficulté normale, elles dénaturent un peu la licence mais avouons-le, les joueurs auxquelles ces aides sont destinées ne s’intéressent pas vraiment à un jeu d’infiltration hardcore et préfèreront souvent terminer le jeu en mode bourrin. Ces aides les encourageront donc à jouer un minimum à l’assassin invisible. Et une fois que l’on passe en mode professionnel, le mode instinct est directement beaucoup moins présent. Personnellement, je trouve que ces aides constituent un outil de plus au service du gameplay. Libre à chacun de les utiliser ou pas.
Si le nouveau gameplay m’a donc plutôt satisfait, je ne peux malheureusement pas en dire autant du level design. Ainsi, on croise beaucoup trop de maps très linéaires où il est impossible de contourner tel ou tel garde et où une seule route s’offre à nous, forçant parfois à utiliser son silencieux un peu plus qu’on le voudrait. Heureusement, le jeu conserve quelques maps ouvertes où l’on peut retrouver les sensations de l’assassin original mais quel dommage d’introduire autant de linéarité dans un jeu auparavant tellement libertaire. Encore une concession faite aux jeux modernes et leur gameplay immédiat.
Un mode multi mais un seul agent 47
C’est bien connu, de nos jours, il est impensable de sortir un jeu sans mode multi. Et si l’idée d’une armée de chauves à la cravate rouge se tendant des pièges dans l’ombre est séduisante, il faut reconnaitre que le concept aurait sans doute capoté très vite. IO Interactive propose donc de se battre à distance avec un mode multi asynchrone.
Ainsi, chaque joueur peut librement réécrire l’histoire à son goût. Le videur du strip club vous a regardé de travers ? Un clochard vous fait de l’œil ? Plus aucun soucis puisque vous pouvez créer votre propre contrat. Lancez un niveau et attribuez vous-même jusque 3 cibles parmi tous les PNJ du jeu. Choisissez votre arme, votre costume et jouez. En fonction de vos actions (discrétion, armes utilisées, …), un contrat tout neuf sera créé que vous pourrez envoyer à vos amis ou mettre en ligne pour que le monde entier se confronte à votre score.
En plus de créer une compétition entre joueurs, IO Interactive se dote immédiatement d’un nombre infini de nouveaux contrats d’assassins. Il y a fort à parier que cette fonctionnalité sera fortement mise à contribution dans les futurs DLC.
Et on se prend vite au jeu… Gagner le moindre petit point devient vite une obsession, juste pour avoir le plaisir d’avoir le meilleur classement parmi ses amis.
Conclusion
Hitman Absolution est certainement l’un des meilleurs jeux de cette fin d’année. L’agent 47 signe un retour brillant en proposant un jeu transformé.
Le scénario omniprésent raconte pour la première fois une vraie histoire tandis que le moteur graphique flambant neuf propose l’un des plus beaux jeux de l’année.
Les innovations de gameplay ne plairont sans doute pas à tous les fans de la première heure même si les développeurs ont eu l’intelligence de les rendre le plus optionnel possible. A chacun de créer donc son aventure.
Le seul vrai défaut de ce titre est finalement d’avoir succombé aux sirènes de la simplicité avec bien trop de niveaux linéaires pour le genre. Cela apportera sans doute de nouveaux joueurs à la licence mais trahit également un peu les origines de Hitman, jeu casse-tête pas excellence où le principal plaisir était de recommencer le niveau 100 fois pour atteindre la perfection.
Quoi qu’il en soit, l’agent 47 signe un retour flamboyant.
Ma Note : 8,5/10
J’ai commandé ce jeu hier et ton test me conforte dans mon choix ! J’espère vraiment retrouver les sensations de jeu des premiers opus.