A Plague Tale : Innocence est un jeu différent de ce que les studios du monde entier produisent à longueur d’année. Le titre d’Asobo Studio édité par Focus Home Interactive se déroule en 1348 en pleine guerre de cent ans dans un Royaume de France à l’image de son époque : violent, sans pitié pour les faibles et dans lequel la vie humaine ne vaut pas grand-chose. C’est dans cet univers bien peu accueillant (mais oh combien réaliste) que nous aiderons Amicia, 14 ans et son petit frère Hugo, 5 ans, à survivre. A leurs côtés, nous connaîtrons les petites joies de leur époque mais aussi les horribles peurs et surtout la mort omniprésente.

Avant de parler gameplay, vous aurez compris que A Plague Tale : Innocence est avant tout un jeu narratif qui nous place au cœur de son intrigue puisque nous incarnons la jeune Amicia. Cette dernière a la lourde charge d’aider son frère Hugo à échapper à l’inquisition qui a massacré toute sa famille. Celui-ci est, en effet, atteint d’une étrange maladie qui lui donne d’affreuses migraines. Symptôme que l’inquisition a bien l’intention de soigner par le feu. Mais les problèmes d’Amicia et d’Hugo ne s’arrêtent pas là puisque une énorme épidémie de peste noire règne, attirant un nombre incroyable de rats capables de dévorer vivant quiconque qui ne les éloignera pas avec du feu, seul élément identifié pouvant les faire fuir.

Ce jeu présente plusieurs facettes de gameplay puisque nous passerons d’un jeu infiltration assez classique à base de gardes à éviter à un jeu de réflexion où nous serons forcés d’utiliser la complémentarité des héros mais aussi les différents éléments à notre disposition pour progresser dans le niveau entre les hordes de rats.

La simulation de ces milliers de rats s’avère d’ailleurs particulièrement impressionnante tant ils semblent constituer un ensemble doué de vie tout en conservant leurs individualités. On observe par exemple que certains rats sont moins peureux que d’autres et tentent de vous grignoter le pied. Il m’est même arrivé de me faire littéralement happer par un petit groupe de rats avant de me faire dévorer par toute leur famille appelée à la rescousse. J’en ai des frissons rien que d’en parler.

Artistiquement, ce jeu est une véritable réussite.

Entre les superbes musiques d’Olivier Derivière et les visuels absolument grandioses proposés, ce titre est une merveille artistique. Au niveau technique, il est également très solide malgré des moyens clairement réduits. On connaissait les productions Focus pour leur aspect technique souvent un peu  limité, A Plague Tale est la démonstration que l’on peut faire beaucoup avec peu de moyens.

Le combat direct n’est pas totalement absent du jeu mais occupe un rôle très secondaire. Amicia dispose d’une fronde très efficace puisqu’elle peut tuer d’un coup un garde un peu curieux mais le bruit généré par l’arme et la lenteur de son rechargement aura tôt fait de nous enlever l’idée de trop l’utiliser. Elle sert finalement plus à se débarrasser des gardes isolés qu’à véritablement se lancer dans une grosse bagarre.

Au fil du jeu, on ramassera du matériel (à condition d’être du genre fouineur) qui nous permettra ensuite d’améliorer notre équipement (fronde plus performante, plus grand sac de munition, etc). On croisera également des alchimistes qui pourront nous apprendre la concoction de quelques potions intéressantes (pour générer du feu, étouffer les gardes ennemis ou encore attirer les rats à un point donné). Tous ces éléments renouvellent bien le gameplay qui aurait pu, sinon, paraître un peu répétitif. Il n’en n’est rien d’autant plus que les décors dans lesquels nous évoluons ont la bonne idée de changer régulièrement l’ambiance du jeu et de nous forcer à trouver de nouvelles solutions pour progresser.

L’histoire est découpée en chapitres souvent un peu dirigistes mais quelques exceptions beaucoup plus ouvertes viennent mettre nos compétences en matière de discrétion à rude épreuve. Ne vous attendez quand même pas à un gameplay débordant d’innovation, Asobo Studio a repris des formules qui marchent et les a adaptées à merveille à son univers. Au final, on passe donc une bonne quinzaine d’heures de jeu en compagnie d’Amicia et d’Hugo sans jamais pester contre un gameplay répétitif ou mal équilibré. C’est bien l’essentiel pour un jeu dont tout le génie se cache ailleurs.

Une ambiance noire et violente

C’est bien dans l’histoire, dans son exceptionnelle narration et dans son ambiance incroyablement noire que A Plague Tale dévoile tout son potentiel. Déjà, quel bonheur de découvrir un jeu se passant en France dans un Moyen-age réaliste. Voilà qui n’est pas sexy du tout pour vendre du jeu par palettes alors que c’est justement ce décor si peu utilisé dans le jeu-vidéo qui lui donne toute sa substance.

Passé le premier chapitre qui met en scène Amicia et sa famille heureux de vivre ensemble, le reste du jeu est carrément viscéral. Comment ne pas trembler d’émotions devant ces deux enfants rejetés de tous, ne pas vibrer d’effroi devant ces hordes de rats dévorant tout sur leur passage ou ne pas avoir l’estomac retourné devant les milliers de cadavres d’un champ de bataille.

Peu de jeux auront autant réussi à m’impliquer dans son histoire et dans la vie si dramatique des deux héros que l’on aimerait tant défendre face aux oppresseurs, face aux rats, face aux malheurs de la vie. Non seulement, A Plague Tale nous fait vivre une aventure de survie mais il en profite aussi pour nous faire comprendre le sort réservé aux plus faibles dans une époque révolue si mal connue des joueurs et du public.

Conclusion

A Plague Tale : Innocence réussit à nous proposer un gameplay intelligent, à défaut d’être original, basé sur de l’infiltration relativement accessible et des petits jeux de réflexion bien pensés. Le rythme de la narration mélange habilement scènes d’expositions, fuites en avant et promenades bucoliques pour une ambiance équilibrant habilement les moments de bonheur avec les scènes dramatiques.

Mais bien plus que toutes ces qualités, c’est l’histoire qui nous est contée et la personnalité des héros qui transcendent l’intérêt d’un jeu dans lequel l’immersion est totale. Non seulement, on tremble pour Amicia et Hugo mais on découvre aussi le moyen-âge dans tout ce qu’il a de terrifiant.

Une petit pépite historique dont la narration ne pourra pas vous laisser de marbre

Ma Note : 9/10

A Plague Tale : Innocence est disponible sur PS4, Xbox One et PC

Un commentaire sur “[Test] A Plague Tale : Innocence, un conte réaliste en hommage au Moyen-Age

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