Little Nightmares est le dernier jeu de Bandaï Namco et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne l’attendait pas chez l’éditeur japonais plus habitué aux jeux hardcores (Dark Souls) ou aux adaptations à répétition de licences d’anime (One Piece, Naruto et compagnie). Un peu à l’image d’Ubisoft ou plus récemment d’Electronic Arts (avec le très réussi Unravel), Bandaï Namco quitte un instant le monde des grosses productions pour s’attarder sur un petit jeu aux qualités nombreuses.
Voici notre test de Little Nightmares…
Dans Little Nightmares, nous incarnons Six, une petite fille (de six ans probablement) toute mimi dans son petit imper jaune à capuche. Elle se réveille dans un lieu inconnu et tente de trouver une sortie mais très vite son environnement s’avère particulièrement inquiétant avec des créatures tapies dans les ombres tandis que les habitants des lieux ne pensent qu’à l’agripper avec leurs interminables bras. Mais aussi inquiétant que peut l’être ce lieu, Six réussit toujours à s’en sortir. Peut-être n’est-elle pas si innocente que cela ?
Je n’en dirai pas plus de peur de vous spoiler un scénario tout en finesse et en narration discrète. Car le scénario de Little Nightmares mérite de se découvrir en douceur, sans se presser en parcourant les 5 mondes qui constituent l’univers de Six. On aide bien entendu Six à survivre mais on vit également à ses côtés une descente dans l’horreur. Ce qui se présente à la base comme un petit jeu tout public se transforme vite en une véritable allégorie de notre société à grands coups de références entre le film d’horreur et le conte de fée classique.
Comme on vous l’avait dit dans notre preview, Little Nightmares fait la part belle aux peurs enfantines : la peur de l’inconnu, les monstres invisibles, la claustrophobie, la séparation des parents, etc. Mais ce jeu ne se limite pas à ces thèmes, n’hésitant pas à faire réfléchir le joueur aux liens entre l’univers de Six et notre vrai monde. Un jeu où la poésie n’est donc pas absente même si elle prend la forme d’un malaise presque constant. Mais attention, pas le malaise gratuit qui dégoûte juste pour le plaisir, non, le malaise qui nous fait réfléchir.
Ce sentiment reste ressenti tout au long du jeu et entre d’ailleurs en totale contradiction avec notre héroïne : Six, une petite fille qui semble toute mignonne et toute fragile et qu’on a envie de protéger. Régulièrement, le jeu nous offre d’ailleurs la possibilité de lui faire (re)vivre son enfance, par exemple en sautant sur un matelas ou en jouant au ballon. Rien d’obligatoire pour poursuivre l’aventure mais des petits moments privilégiés qui renforcent encore notre attachement à ce personnage déjà inoubliable tout en venant à contre-courant des événements autour de nous.
Un gameplay varié
Les esprits torturés derrière Little Nightmares, le studio suédois Tarsier, ont longtemps collaboré avec Media Molecule sur Little Big Planet. Ce ne sont donc pas des débutants quand on parle de gameplay bien pensé. Ici, on découvre un mélange des genres assez osé mais finalement très bien équilibré. Un peu de plate-forme, un peu d’infiltration, un peu d’action et un peu de puzzle font des aventures de Six une expérience agréable durant laquelle on ne s’ennuie jamais.
Ainsi, on peut enchaîner plusieurs sections de plateformes « pur jus » avant de buter sur une porte fermée. A nous de comprendre comment l’ouvrir, s’il faut l’ouvrir. Les puzzles ne sont jamais bien compliqués mais demanderont parfois de prendre un petit peu de recul. Les scènes d’actions consistent la plupart du temps à fuir à toute allure (et avec nos petites jambes, on ne va pas si vite que cela) devant des adversaires difformes qui veulent vous agripper de leurs grosses mains. Brrrr !
La direction artistique de Little Nightmares est juste une pure merveille.
Visuellement les artistes du studio Tarsier ont été très inspirés. Même s’ils ne reconnaissent pas une inspiration en particulier, on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec le travail des réalisateurs français Caro et Jeunet (particulièrement Delicatessen). Cette même capacité à transformer des pièces du quotidien en quelque chose de juste effrayant, cette même relation à la nourriture (plus particulièrement à la viande).
Plus qu’un bon jeu, c’est un véritable univers visuel et scénaristique qui naît sous nos yeux. D’ailleurs Bandai Namco a déjà de nombreux autres projets pour ce qu’ils qualifient eux-mêmes de nouvelle licence à commencer par une série de Comics chez Titan Comics.
Finalement, la seule véritable critique que l’on peut émettre vient de la durée de vie très limitée : seulement 3 bonnes heures en ligne droite. A peine le double si on veut tout faire, tout découvrir. Evidemment, le jeu est vendu à un petit prix (environ 20 euros) mais cela fait quand même court.
Conclusion
Little Nightmares est un jeu qui m’a totalement conquis par son thème et son scénario original : un mélange astucieux des peurs enfantines et d’une ambiance horrifique qui réussit à nous mettre mal à l’aise. Malsain dans son thème, Little Nightmares n’est pourtant pas qu’un jeu d’ambiance, c’est une véritable allégorie de notre société moderne et de ses dérives. Un jeu visuellement inoubliable qui, en plus, nous fait réfléchir, ce n’est pas si courant que cela.
Même si le jeu s’avère finalement très court (entre 3 et 6 heures), je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger dans l’univers de la petite Six !
Ma Note : 9/10
Little Nightmares est disponible sur PS4, Xbox One et PC.