Until Dawn est véritablement un jeu revenu d’entre les morts pour nous faire peur. Présenté en 2012 comme une exclusivité PS3/PS Move avec un chouette potentiel, le jeu a ensuite sombré dans l’oubli pour refaire surface il y a peu sous la forme d’une exclusivité PS4.
Et cette petite cure au sanatorium lui aura été très bénéfique. Alors, Until Dawn, film d’horreur interactif de bas-étage ou véritable survival horror qui laissera des marques sur vos draps (et je pense aux cauchemars, bande de pervers…) ?
Dégageons d’entrée de jeu le sujet qui fait inévitablement polémique sur ce type de titre. Until Dawn en tant que film interactif est-il vraiment un jeu-vidéo ? Les puristes vous répondront que non puisque le contrôle des héros est limité et notre interaction avec eux l’est tout autant. Bon, maintenant, les puristes en question râlent en général sur tout ce qui est sorti dans le monde vidéo ludique après Pacman donc…
Pour ma part, je ne cache pas qu’à mes yeux, un bon jeu-vidéo, c’est une expérience d’ensemble. Des héros charismatiques, un scénario intelligent, une ambiance immersive associés à un gameplay innovant et bien équilibré, voilà ma définition d’un bon jeu-vidéo. Peu de jeux réussissent à rassembler toutes ces qualités en même temps. Je pense que le dernier jeu qui est proche de la perfection selon mes critères, c’était The Last of Us.
Mais un jeu peut se montrer très bon même en ne répondant que partiellement à ces principes mais si je dois faire un choix, généralement, je serai plus sensible à un bon jeu d’ambiance qu’à un jeu minimaliste avec un gameplay original. Bref, Until Dawn, vous l’aurez compris, c’est mon genre de jeux.
Très proche, dans leur approche, des jeux de Quantic Dream (Heavy Rain, Beyond), les développeurs de SuperMassive games (qui n’apprécie pas trop la comparaison si vous vous souvenez de mon interview) proposent avec Until Dawn leur propre interprétation du film dont vous êtes le héros.
Huit amis et un tueur
Le pitch d’Until Dawn est très classique : 8 amis se réunissent dans un chalet dans la montagne en pleine tempête de neige. Mais ils ne sont pas seuls… Je n’en dirai pas plus car même si le scénario parait dégouliner des clichés de films d’horreur et slashers, les différents événements sont plutôt bien amenés et apportent même une dimension originale pour le genre dans la seconde partie de l’aventure.
En pratique, ce titre est divisé en 10 chapitres avec des intermèdes de type sérié télé « Previously on Until Dawn » qui résument vos choix et leurs conséquences. Car, dans Until Dawn, tout est une question de choix : vais-je m’enfuir tout de suite ou me cacher dans le placard ? Dois-je répondre aux moqueries d’un « ami » ou m’effacer et me sentir frustré(e) ?, etc. Chaque chapitre déborde de décisions à prendre, parfois en temps limité et avec des conséquences plus ou moins importantes.
C’est là qu’entre en jeu le fameux effet papillon mis en avant par le marketing du titre. L’idée est qu’une décision prise ne verra pas toujours son effet tout de suite, parfois, il faudra attendre de longues heures avant de comprendre l’impact de nos actes. Ce seul élément est déjà bien plus évolué que ce que les jeux « à décisions » proposent généralement mais Until Dawn va encore un peu plus loin.
En fonction des relations que l’on crée avec ses amis ou son comportement face aux événements étranges qui se produisent, la suite du jeu est inévitablement impactée. Parfois, c’est juste une variante d’une scène aboutissant au même résultat mais cela peut aussi chambouler tout votre avenir.
Dans Until Dawn, quand un personnage meurt (et ils mourront, croyez-moi), c’est définitif et il faudra continuer le jeu sans lui. On peut ainsi découvrir des pans entiers du jeu sous un regard totalement neuf en fonction des personnages qui ont survécu. Alors, oui, parfois, le jeu se raccroche à une branche commune pour garder sa cohérence mais le nombre d’embranchements et de variantes possibles est tout simplement énorme.
Nos 8 héros peuvent tous mourir à la fin, tout comme, on peut réussir à tous les sauver. Lors de ma première partie, j’en ai conservé 4 vivants tandis qu’Aelya s’est mieux débrouillée puisque seul un personnage est mort chez elle. J’ai donc bien l’intention de faire mieux (et c’est bien parti) dans ma seconde partie.
On touche a un autre point sensible de ce genre de titre : la durée de vie et la rejouabilité. La durée de vie du premier run est assez bonne pour un titre du genre : 6-7 heures si vous foncez comme un dératé, une petite dizaine d’heures si vous fouillez partout comme moi. Une durée de vie honorable pour un titre où l’on ne voit pas le temps passer.
La rejouabilité est également assez bonne à condition de faire d’autres choix ou d’essayer de faire mieux (ou pire que dans la partie précédente) même si l’effet de surprise du second run est quand même un peu émoussé. Pour compenser, on se plait à voir le jeu sous l’angle de celui qui a déjà vu la fin et qui peut donc apprécier les petits trucs de mise en scène et même se forger sa propre théorie sur cette histoire « qui fait peur ».
Un des points forts du concept Until Dawn est de ne pas pouvoir charger de sauvegardes. Impossible de revenir sur une mauvaise décision ou un quick time event raté. Si vous vous brouillez avec votre amoureux, qu’il part seul bouder dans la forêt et que celui-ci se retrouve coupé en deux, c’est comme ça, il faut continuer l’aventure avec ce traumatisme.
Une manière très simple d’apporter une tension énorme dans l’aventure et de stresser le joueur presque autant que nos héros. J’adore ! Les chasseurs de trophées aimeront sans doute un peu moins… A noter quand même qu’à la fin de la partie, vous pourrez reprendre votre sauvegarde au début de chaque chapitre pour changer vos décisions mais il faudra quand même aller au bout du jeu pour en voir les conséquences.
Un gameplay mixte
Until Dawn se présente comme une succession de scènes où l’on incarne un personnage différent, histoire d’apprendre à tous les connaitre. A nous de façonner leurs intercations au point de pouvoir presque construire sa petite histoire perso. Par exemple, en incarnant A, je me suis moqué de B mais alors en incarnant B, je vais pouvoir choisir plus tard de me venger ou pas de B… et en assumer les conséquences plus tard.
En pratique, il y a donc une alternance entre scènes d’exposition, scènes d’action (à grand renfort de quick time events) et scènes d’exploration/enquête à la recherche d’indices. Soyons honnête, c’est la partie action qui est la moins intéressante car même si l’évolution de la difficulté des quick time events est, pour une fois, intéressante, cela reste du pousse-bouton sans grande originalité.
On pourra même être agacé d’être limité par les possibilités du jeu (« oh, la barrière est fermée, je ne peux pas passer même si le mur ne fait qu’un mètre de haut » ou encore « laissons sur la table le pistolet au lieu de le prendre »). Mais cela fait aussi partie du genre slasher et de ses codes : à certains moments, je ne pouvais m’empêcher de penser soit à Scream, soit à Scary Movie (le 1er).
Un bon point par contre pour l’épreuve du « ne bougez plus votre pad ou vous mourrez dans d’affreuses circonstances » qui m’a réellement glacé le sang. Je dois souffrir d’un pré-Parkinson parce que j’ai vraiment du bloquer ma respiration pour réussir ces phases stressantes à souhait tandis qu’Aelya les réussissait les doigts dans le nez.
Les phases de dialogue et de recherche d’indices sont généralement bien plus amusantes car on sent que l’on a une prise sur le jeu et que l’on influence réellement son déroulement. Et histoire de ne pas vous endormir, l’ambiance d’Until Dawn sombre doucement mais sûrement du côté de la folie.
On démarre en douceur avec une bande d’ados un peu idiots qui ne pensent qu’à coucher ensemble pour ensuite dévier vers une atmosphère horrifique et même malsaine. Globalement, l’ambiance de ce titre est juste excellente et je dois vous avouer qu’en y jouant de nuit, avec la porte de la terrasse ouverte, j’ai gentiment été la fermer en regardant autour de moi pour être sûr de rester vivant.
Pour ne rien arranger, Until Dawn déborde de « Scare Jumps », ces petites séquences spéciales cardiaques ou un truc horrible apparaît sur votre écran sans prévenir. Le genre d’idée qui marche à 200% avec moi. Et si vous avez une Playstation camera branchée, le jeu vous propose même de filmer vos réactions pour vous les repasser ensuite. De bons souvenirs en perspective.
Et comment ne pas parler de ces fameuses séquences « psychiatriques » où le talentueux Peter Stormare s’amuse comme un petit fou à stresser le joueur afin d’identifier nos peurs les plus primales.
Une technique un peu à la traîne
Au niveau technique, l’impression est plutôt mitigée. On ne peut qu’être admiratif du travail réalisé par Supermassive Games en termes de Performance Capture ou de Facial Capture puisque les visages des acteurs sont d’un réalisme et d’une finesse inégalée. De même, le jeu d’acteurs de ces derniers est plus que convaincant à condition de jouer en VO (et, par pitié, fuyez la VF comme la peste). Dommage par contre que ceux-ci ne se soit prêtés au jeu que pour la reconnaissance faciale et le doublage vocal. Toutes les animations corporelles ont été capturées avec des doublures et parfois, nos personnages se montrent un peu rigides.
Si nos personnages s’avèrent donc très séduisants, les ralentissements intempestifs nuisent réellement à l’expérience sans qu’on puisse vraiment expliquer comment la PS4 peut avoir des difficultés sur des scènes parfois vraiment anodines. Probablement un reste des racines PS3 du jeu que l’on peut espérer voir corriger par un patch. (Commentaire d’Aelya : je n’ai pas souffert de ralentissements lors du jeu, certainement grâce au dernier patch justement^^)
Dans les points négatifs, on peut aussi noter le déséquilibre scénaristique dont souffrent certains personnages. Il y a clairement des personnages principaux et d’autres qui sont là pour faire du remplissage. C’est dommage car leur histoire aurait pu être aussi intéressante.
Conclusion
Until Dawn confirme totalement tout le bien que j’en pensais dans ma preview et réussit même l’exploit de m’impressionner par sa durée de vie (plus longue que ce que je pensais) et sa rejouabilité, certes moins hypnotique, mais quand même très efficace. Bénéficiant d’acteurs de premiers plans (Hayden Panettiere, Peter Stormare, etc), d’une ambiance malsaine à souhait, de décisions qui mettront en doute votre moralité et d’un embranchement gigantesque de scénarios différents, Until Dawn est une véritable expérience horrifique à vivre au moins une fois.
Plus proche du cinéma interactif que du jeu-vidéo, on pourra lui reprocher ses quick time events un peu envahissants et des carences techniques difficilement acceptables sur PS4 mais si vous aimez vous faire peur ou tout simplement contribuer à l’aventure envoutante de nos 8 amis perdus dans la montagne, ce jeu est juste immanquable. Bien évidemment, si votre truc, c’est le skill et la performance vidéo-ludique, ce titre vous laissera, par contre, de marbre.
On espère que SuperMassive games retentera l’expérience, et pourquoi pas dans un autre genre que le slasher ?
Ma Note : 8,5/10
PS : Sous le trailer (pour éviter des spoils), on indique quels personnages sont morts lors de nos parties : n’hésitez pas à partager le résultat de votre partie ! On est curieux…
Until Dawn est disponible en exclusivité sur PS4.
Personnages ayant succombé lors de notre première partie :
Quantic : Ashley, Josh, Chris et Mike
Aelya : Ashley
J’ai adoré faire le jeu et je suis une vraie froussarde donc j’avoue avoir bien sursauté! 😀
J’ai bien aimé le rebondissement de seconde partie qui amène une autre dimension à l’histoire et qui est plutôt bien amené!
Pour notre première partie (car j’ai joué avec mon chéri) ces personnages sont morts : Chris, Ashley, Josh et Jessica alors qu’on voulait tous les sauver XD.
Du coup là on essaye de tous les faire mourir et de tous les sauver.
La rejouabilité est sympa mais les scènes ne peuvent pas être passés et c’est franchement dommage et très lourd! Particulièrement il me semble lors du chapitre 6 où Chris et Ashley discutent discutent discutent… pff :/
Sinon il est possible de recommencer une scène ratée : il faut quitter le jeu, le relancer et faire reprendre, logiquement ça reprend au bon endroit.
Après on a eu un bug car on a refait le jeu jusqu’à la fin et lors du 3ème run il avait pris en compte le 1er donc des personnages étaient encore vivants :/
Une très bonne surprise en tout cas! 🙂
Je serais incapable d’y jouer je pense car beaucoup trop froussarde !!
Je sursaute beaucoup trop facilement, alors comme je joue le soir tard et une partie de la nuit, avec le casque (car il y a d’autres personnages à l’étage qui dorment), du coup je serais incapable de ne pas crier ou faire des « Hiiiiiiiiiiii » 😀
Donc par respect pour mon coeur, ma santé et mes voisins de chambre (oui oui la santé d’abord!), je ne vais pas y jouer.
Cependant j’ai un ami qui est fan de film de ce genre et en gros joueur qu’il est, il doit déjà l’avoir 🙂
Malgré que je ne possèderai pas le jeu, j’étais curieuse de voir votre test avec vos avis ainsi que celui de Sakulan [ très bon site, en passant 😉 ].
Merci à vous 🙂
« Bon, maintenant, les puristes en question râlent en général sur tout ce qui est sorti dans le monde vidéo ludique après Pacman donc… »
–> J’ai explosé ^^ bien dit.
« ou encore : laissons sur la table le pistolet au lieu de le prendre »
–> ce moment m’a rendu fou, une des rares scènes qui nous renvoie vraiment dans les films d’horreurs ou les personnages agissent bêtement genre « séparons nous dans une foret envahie de zombies »
Sinon j’ai adoré ce jeu, vraiment raffraichissant… bon ok glaçant.
Une ambiance au top, un travail artistique sur les décors somptueux…
J’ai eu l’occasion d’y jouer plusieurs heures samedi soir chez mon ami (avec lui à mes côtés) et je dois avouer que malgré des sursauts et bien j’ai beaucoup aimé le jeu.
L’ambiance est froide par moment et par « peur » j’avançais prudemment 🙂
Je pense pouvoir y jouer seule chez moi et de continuer car l’histoire donne envie de poursuivre.
Ayé je l’ai terminé !! J’ai bientôt fini ma seconde partie pour voir l’histoire sous d’autres angles en prenant des décisions contraires aux premières.
Dans ma première partie, deux personnes sont morts : Matt et Josh.
Finalement j’ai beaucoup apprécié ce jeu et j’ai eu beaucoup moins peur que je ne l’pensais.
Contrairement à un film d’horreur, là ça me semble moins « réel » vu que c’est un jeu et donc du coup ça va. 🙂
Je suis bien contente d’y avoir joué. J’aime beaucoup les jeux de Quantic Dream et là on y est proche.
Effectivement il y a des moments frustrants où je m’croyais dans le sketch « les films d’horreur » de J-M Bigard !!
Sérieux, le flingue que personne ne prend, quelques cartouches et pas plus (moi j’aurais rempli toutes mes poches!!), dans ce drame tu retrouves tes amis sains et saufs et à part Emily & Mike, personne se s’est serré dans les bras et puis le fait de toujours vouloir se séparer pour aller chercher quelque chose ou quelqu’un.
Bref, y’a pas mal de « petites choses » comme ça qui agacent dans la première partie et qui font sourire dans la deuxième tant c’est gros parfois.