Wargaming.net n’était qu’un petit développeur biélorusse sans grande importance avant de nous pondre le fantastique, l’incroyable, le génialissime World of Tanks… Oui, j’ai tendance à m’emporter quand j’aime un jeu mais il faut le reconnaitre, World of Tanks a été une surprise totale et un succès incroyable, amplement mérité. Mais quand Wargaming quitte le plancher des vaches pour le ciel, cela marche-t-il aussi bien ?
Avant de répondre à cette question, il faut vraiment insister sur le chemin parcouru par les développeurs depuis ma preview, réalisée sur base de la première version bêta… Et les progrès sont impressionnants. Le plus important est la prise de conscience par Wargaming que mélanger autant un gameplay voulu comme arcade avec de gros éléments de simulation était une mauvaise idée car elle compliquait incroyablement le jeu pour les novices du ciel que constituaient les nombreux joueurs de World of Tanks.
Mais avant de parler de tout cela, commençons par une petite présentation de World of Warplanes surtout destinée aux deux retardataires du fond qui n’ont pas encore testé World of Tanks (Honte sur vous !)
C’est comme avec les tanks mais dans le ciel
La recette World of Tanks était d’allier un gameplay lent, stratégique et accessible à presque tous les joueurs à un système de progression équilibré et addictif à souhait tout en lui collant un modèle free to play dont l’aspect payant se montre le moins intrusif possible tout en le rendant quasi indispensable pour jouer au sommet de la hiérarchie. Et ceci, sans même citer les incroyables possibilités de jeu en équipe. Les nombreux tournois et l’orientation e-sport du titre démontrant bien la pépite que Wargaming a dans les mains.
L’idée derrière World of Warplanes était donc simplement de reproduire le même schéma de bataille pour les combats aériens et dans un futur proche pour les affrontements sur Mer avec World of Warships. Ainsi, tout a été fait pour que le joueur de World of Tanks se sente dans son élément. On retrouve donc des avions de différentes classes (Chasseur, Chasseur avancé, Bombardier) répartis entre diverses nations (USA, Japon, Russie, Royaume-Uni et Allemagne pour l’instant).
Ces avions sont fortement axés seconde guerre mondiale même si la période réellement couverte est un peu plus étendue. Ainsi, on démarre aux tiers les plus bas avec de vieux biplans pour terminer avec des avions à réaction. La modélisation des avions est d’ailleurs un bonheur sans nom si vous appréciez les coucous de cette époque.
Tout comme pour les tanks, on sent le souci du détail des artistes de Wargaming et admirer ces merveilleux avions dans votre garage suffira à certains joueurs pour faire leur bonheur. L’aspect collection déjà présent dans World of Tanks fonctionne donc toujours à merveille.
Au départ, vous choisissez simplement votre nation favorite et vous recevez un magnifique biplan de Tier 1 (sur les 10 possibles) et à vous les cieux. Wargaming a d’ailleurs très intelligemment amélioré son tutoriel pour se concentrer sur ce qui perturbait le plus les joueurs pendant la bêta : le tir et le combat tournoyant. Bon, cela reste simpliste et si vous n’y connaissez rien, vous n’échapperez pas à la case tutoriel vidéo sur YouTube mais c’est mieux que rien.
Au fur et à mesure de vos exploits aériens, vous gagnerez de l’expérience (qui resté attachée à l’avion en question) qui servira à débloquer la recherche pour des améliorations techniques comme l’aérodynamisme, le moteur, le blindage du fuselage ou votre puissance de feu. Pour les installer, il faudra les acheter avec de l’argent virtuel glané également au combat mais qui est commun à tous vos appareils.
Vous pouvez ainsi améliorer votre avion ou vous concentrer sur le déblocage de tiers suivants afin d’obtenir des avions globalement plus performants mais donc aussi des adversaires plus coriaces.
Il est donc tout à fait possible, comme dans World of Tanks, de jouer gratuitement à World of Warplanes même si dans les hauts tiers, le passage à la caisse se montrera indispensable. Tout le modèle économique reposant sur sa capacité à gagner suffisamment d’argent dans les combats pour réparer et équiper ses avions. Mais ne faisons pas la fine bouche, voilà un jeu qui permet de s’amuser de nombreuses heures à l’œil tandis que les vrais fans passeront à la caisse pour gagner un peu de temps ou tout simplement continuer à se battre pour le titre de meilleur pilote virtuel.
Bref, au niveau de l’emballage, World of Warplanes, c’est presque identique à World of Tanks et c’est tant mieux.
Un gameplay arcade qui se cherche encore un peu
Au niveau du gameplay, difficile de reproduire dans les cieux, la formule gagnante des tanks. Il faut dire qu’un Tank est lent, très résistant et tire des obus à faire éclater un bâtiment de 5 étages alors qu’un avion est rapide, peu blindé et tire des cacahuètes. On ne peut pas faire deux environnements plus éloignés et on sent que les développeurs de Wargaming ont eu beaucoup de mal à transposer le gameplay si réussi de World of Tanks dans World of Warplanes.
Contrairement à la bêta qui montrait un pilotage finalement assez complexe, la version finale du jeu tire très fortement vers l’aspect Arcade du combat aérien. Ainsi, le modèle de vol est ultra-simpliste et donc parfaitement adapté au pilotage à la souris. Autrement dit, pas de contrôle de la vitesse, pas de contrôle du roulis… Tout se fait automatiquement ou presque. On bouge la souris et l’avion part sur l’aile pour prendre un virage plus ou moins abrupt tandis qu’on contrôle la vitesse de notre coucou uniquement avec un système de bonus du type Boost et aéro-freins.
Inutile donc de sortir vos joysticks et autres palonniers, finalement, c’est encore à la souris que World of Warplanes se montre le plus maniable et le plus agréable à jouer.
L’avantage, c’est que tout le monde peut se lancer dans l’aventure immédiatement, sans rien connaitre au pilotage, le désavantage, c’est qu’on a vite l’impression de piloter un X-Wing dans le vide intersidéral. Ainsi, on réalise des figures très improbables et l’avion ne décrochera que très rarement. Ce manque de profondeur dans le pilotage n’est pas foncièrement un défaut car il permet, comme dans World of Tanks, de s’amuser dès sa première partie et de faire du kill très vite. Néanmoins, après quelques heures, le pilotage commence à montrer ses limites et on aurait aimé pouvoir faire la différence grâce à ses talents de pilote plutôt que grâce à son matériel supérieur à celui de l’adversaire.
A cet aspect profondément arcade se greffe un gros morceau de simulation avec le système de visée qui prend en compte les mouvements relatifs des avions. Ainsi, la cible au milieu de votre écran n’indique que la direction du nez de l’appareil tandis qu’un réticule prend en compte vos mouvements dans le ciel pour vous indiquer la direction de vos balles.
Il suffira donc de faire correspondre ce réticule à l’avion ennemi pour l’abattre me direz-vous ? Ce serait trop simple. Car l’ennemi aussi est en mouvement et vos balles risquent donc bien de passer derrière lui. Pour vous aider, un autre réticule sur votre cible vous indique à quel endroit il faudra plus ou moins viser pour espérer le toucher. Combiner les deux réticules en question et vous ferez un carton.
Tout ceci est bien entendu la base du combat aérien et le vrai talent des pilotes est de parvenir à toucher une cible sans ces aides mais c’est hors de propos dans World of Warplanes. Peut-être que dans le futur, des modes de jeu « hardcore » viendront proposer aux pilotes un pilotage plus réaliste ou une absence d’aide à la visée mais pour l’instant, le jeu est fier de son orientation 100% arcade… même si cela sous-entend que les fanas de simulation pointue devront passer leur chemin et poursuivre leur combats sur Rise of Flight pour ne citer que lui.
Personnellement, je ne suis pas un inconditionnel de la simulation aérienne, donc le pilotage très arcade de World of Warplanes ne m’a pas dégouté, loin de là. Pour une fois, j’ai même eu l’impression de me situer au-dessus de la moyenne des pilotes virtuels. On sent donc bien que le public visé n’est pas forcément celui des amateurs de simulation mais bien la manne de joueurs de World of Tanks qui, bien souvent, n’ont jamais joué à un simulateur de vol. Et très franchement, malgré des limitations évidentes de gameplay, je me suis bien amusé sur les quelques heures passées sur World of Warplanes.
Des modes de jeu à étoffer
Finalement, le vrai point faible de ce jeu, c’est la pauvreté des modes de jeu disponibles puisque seul un Deathmatch à 15 contre 15 est disponible et sa pauvreté stratégique fait un peu de peine à voir.
Wargaming a essayé de varier les plaisirs en truffant les maps de points à bombarder ou à mitrailler mais ils n’ont quasiment aucune influence sur la victoire ou la défaite de son équipe, ce qui fait que personne ou presque ne perd son temps avec eux. En effet, ces points terrestres ne permettent que de trancher une égalité si les deux équipes sont toujours en vie après 15 minutes de combat. Aucune de mes parties n’a excédé 10 minutes et en moyenne, l’affaire était pliée en moins de 5 minutes.
La stratégie type d’une équipe gagnante est simple. Au lancement, tout le monde enclenche son boost et grimpe au maximum. Ensuite, on attend que les moins doués (donc qui sont plus bas) se fassent prendre en chasse par un ennemi. On retourne l’avion, on plonge, on canarde le poursuivant, on remonte et on recommence jusqu’à l’avoir transformé en charpie.
L’utilisation de l’énergie (altitude et vitesse) se montre donc primordiale. Au pire, on tombera sur un bon pilote et on lance alors un combat tournoyant qui peut parfois se terminer au ras des pâquerettes mais les affrontements sont souvent peu stratégiques.
On peut également regretter la forte tendance des joueurs à rentrer en collision. C’est malheureusement la loi du combat aérien mais cela reste assez énervant de tomber sur un kamikaze prêt à tout pour ne pas partir seul. Il faudra donc toujours garder ses distances et rester prudent, particulièrement si vous vous retrouvez en face à face en début de partie.
Au contraire d’un World of Tanks où très rapidement dans les tiers moyens, tous les joueurs jouent réellement ensemble pour l’emporter en mettant en place des stratégies sans même une réelle communication, ici, on reste encore trop dans un contexte de « chacun pour soi ». Le mode de jeu limité du Deathmatch, le peu d’influence des bombardiers par rapport aux chasseurs ou le peu de possibilité de se « cacher » (hormis quelques nuages encore peu exploités par les joueurs) rendent le jeu encore trop solo.
Pourtant, on a bien vu comment World of Tanks a évolué ces dernières années à grand coup de patch transformant un jeu déjà excellent à la base en véritable gouffre à temps libre pour tankiste virtuel. Bref, je pense que Wargaming a en main tous les éléments pour faire de World of Warplanes un succès dans un futur proche. Il ne lui manque pas grand-chose : Un mode de jeu hardcore pour attirer les fanas de simulation et quelques modes plus subtils que le deathmatch pour encourager les joueurs à couvrir les bombardiers et à jouer ensemble.
Techniquement très réussi
Pour terminer, un petit mot sur la technique. Là aussi, de grands pas en avant ont été réalisés depuis la bêta. Le jeu tourne très bien sur une petite config et en poussant tout à fond, on bénéficie d’un chouette environnement et de modèles d’avions de toute beauté tout en ne descendant jamais sous les 60 images par seconde sur ma config.
Les maps sont encore peu nombreuses mais j’ai particulièrement apprécié la richesse de leur animation. Ainsi quoi de mieux que de se battre à 800 mètres d’altitude et d’entendre les canons des croiseurs faire tout péter sur la côte. Cela ne sert à rien mais cela contribue à l’ambiance et à l’impression générale de participer à un conflit global.
Notons également que le moteur de matchmaking est toujours aussi performant, réussissant toujours à rassembler 30 joueurs de niveaux équivalents en moins de 20 secondes, ce qui n’était pas gagné quand on voit que World of Warplanes rameute environ 40 fois moins de joueurs que son grand frère de World of Tanks. Par contre, aux tiers plus élevés, il faudra parfois s’armer de patience. Le nombre de joueurs ayant atteints ce niveau restant encore relativement faible.
Conclusion
World of Warplanes voulait répéter dans les cieux la recette de son grand frère World of Tanks et le pari est à moitié réussi. On retrouve donc un jeu de combat aérien « free to play » plutôt joli mais qui se destine pour l’instant uniquement aux novices du combat aérien. Son modèle de vol simpliste le rend ainsi immédiatement accessible à tous les joueurs mais nuit à la longévité de son expérience sur le long terme.
Pour autant, Wargaming réussit parfaitement à reproduire sa recette miracle en termes d’addiction car on a sans cesse envie de faire une partie de plus, une dernière pour la route. Et si vous êtes amateurs de vieux coucous de la seconde guerre mondiale, le nombre d’avions modélisés avec talent est tout simplement incroyable et constitue un vrai bonheur pour l’amateur de collections virtuelles.
World of Warplanes est pourtant sorti en version finale sans doute un peu tôt car son unique mode de jeu ne permet pas vraiment de profiter de toutes ses possibilités. Mais quand on voit le talent avec lequel Wargaming a peaufiné World of Tanks ces dernières années, on peut certainement compter sur eux pour étoffer World of Warplanes au cours des prochains mois et exploiter au mieux ses nombreuses possibilités. En attendant, testez-le et faites-vous votre propre idée, il est gratuit après tout…
Ma Note : Pas de note pour ce titre qui comme tout MMO est amené à évoluer fortement au cours des mois.
World of Warplanes est un Free to Play disponible uniquement sur PC.
Bonjour à tous et merci beaucoup pour cet article super intéressant sur World of Warplanes. C’était super sympa à lire et je suis certain que ça va motiver de nouveaux joueurs !
N’hésitez surtout pas à nous laisser vos commentaires sur les médias de votre choix, on se promène un peu partout et vos suggestions nous sont super utiles !
Merci encore et à bientôt !
Ambassadeur Français de Wargaming – Zecchirus
J’ai bien aimé lire cet article. Ce dernier est bourré de détails qui intéresseraient les fans et les débutants comme moi. Avant la lecture, je croyais que Worlds of Warplanes ressemblait à Ace Combat Northern Wings, mais en y regardant de plus près, je me suis rendu compte que cela n’avait rien à voir.